Rechercher dans ce blog

Les archives

22 octobre 2025

Culture : Giordano Bruno, le penseur qui défia l’univers

 







  Philosophe, astronome et théologien italien du XVIᵉ siècle, Giordano Bruno incarne la figure tragique de l’esprit libre brisé par les dogmes. Né en 1548 à Nola, près de Naples, il entre chez les dominicains, où il étudie la théologie et la philosophie. Très tôt, il se distingue par son audace intellectuelle : il lit Érasme, conteste la Trinité et s’intéresse aux théories de Copernic. Mais dans une Europe encore marquée par l’Inquisition, remettre en question l’ordre établi, c’est risquer le bûcher.


  Bruno quitte alors l’Italie, fuyant les accusations d’hérésie. Pendant près de vingt ans, il parcourt l’Europe : Genève, Paris, Londres, Prague, Wittenberg… Partout, il enseigne, provoque, débat. Ses conférences fascinent autant qu’elles choquent. À Oxford, il se heurte à la rigidité du monde académique anglais, mais à Paris, il rencontre un certain succès auprès du roi Henri III, intrigué par son esprit visionnaire. Bruno ne se contente pas de défendre le système héliocentrique de Copernic : il va beaucoup plus loin.


  Ce qui fait de Giordano Bruno un penseur révolutionnaire, c’est sa conception infinie et multiple de l’univers. Selon lui, l’univers n’a ni centre ni limite, et les étoiles ne sont pas des points fixes mais autant de soleils entourés d’autres mondes habités. Une idée vertigineuse pour l’époque, qui bouleverse la vision chrétienne d’un cosmos ordonné autour de la Terre et de Dieu. Dans ses écrits, Bruno lie cette vision cosmologique à une réflexion métaphysique : Dieu est présent partout, dans chaque parcelle du monde, et la nature tout entière est divine. Mais ce souffle de liberté et d’audace intellectuelle finit par se retourner contre lui. Revenu en Italie, il est arrêté à Venise en 1592, puis livré à l’Inquisition romaine. Huit années de procès s’ensuivent, où on lui reproche d’innombrables hérésies : sa négation de la Trinité, sa croyance en une infinité de mondes, et son refus de se rétracter. Malgré les menaces, Bruno reste inflexible. Le 17 février 1600, il est conduit sur le Campo de’ Fiori, à Rome, et brûlé vif. Ses dernières paroles auraient été : « Vous avez sans doute plus peur en prononçant ma sentence que moi en la recevant. »


  Aujourd’hui, Giordano Bruno est considéré comme l’un des martyrs de la pensée libre. Son nom résonne aux côtés de ceux de Galilée et de Copernic, mais il symbolise davantage encore la défense du droit de penser autrement. Sa statue, érigée sur le lieu même de son exécution à Rome, rappelle que la connaissance et la liberté d’esprit sont des conquêtes souvent payées au prix fort. Bruno, en défiant les cieux, a ouvert la voie à l’idée moderne d’un univers infini et d’une pensée affranchie des dogmes.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire