Portishead, c’est l’incarnation même du son brumeux et hypnotique du trip-hop, ce genre né au cœur des années 1990 dans la ville britannique de Bristol. Fondé en 1991 par Geoff Barrow, Beth Gibbons et Adrian Utley, le groupe a su mêler des beats lourds, des ambiances cinématographiques et la voix fragile mais puissante de Gibbons, donnant naissance à un univers sonore unique, entre spleen et élégance. Leur premier album, Dummy (1994), reste une pierre angulaire de la musique alternative. Porté par des titres mythiques comme Glory Box, Sour Times ou Roads, il marie des samples de vieux films, des cordes mélancoliques et des rythmiques hip-hop lentes. Cet album, récompensé par le Mercury Prize, a marqué toute une génération et posé les bases d’un style immédiatement reconnaissable. Après Dummy, Portishead a confirmé son génie avec l’album éponyme Portishead (1997), plus sombre et plus rugueux, explorant des territoires plus électroniques et moins accessibles. Puis vint Third (2008), disque d’une intensité rare, où le groupe abandonne le sampling au profit d’une approche plus organique, presque industrielle, tout en conservant cette tension émotionnelle qui le caractérise. Beth Gibbons, quant à elle, est devenue une figure culte, comparée à des voix comme celles de Billie Holiday ou de Nina Simone pour son intensité émotionnelle. Portishead, loin des effets de mode, reste un groupe intemporel, dont chaque note semble flotter entre rêve et cauchemar, entre passé et futur. Leur musique continue d’inspirer des artistes du monde entier, du trip-hop à la pop expérimentale. Même avec une discographie restreinte, Portishead a su imposer un univers complet, fragile, mais d’une beauté absolue. Trois albums enregistrés, quatre millions d'albums ont été vendus.
Portishead ne se contente pas de créer de la musique : le groupe façonne des atmosphères, des émotions suspendues, où chaque note semble raconter une histoire de solitude, de désir et de beauté fragile. Avec seulement trois albums, ils ont réussi à laisser une empreinte indélébile sur la musique contemporaine, prouvant que la puissance d’un son ne se mesure pas au nombre de disques, mais à l’intensité qu’il dégage. Écouter Portishead, c’est plonger dans un monde où le temps semble s’arrêter, et où chaque souffle de Beth Gibbons reste gravé dans la mémoire, longtemps après que la dernière note s’éteint.
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