Perché sur un éperon rocheux dominant la vallée de Zlaști, le château de Corvin, également connu sous le nom de château de Hunedoara, se dresse comme un véritable chef-d’œuvre de l’architecture gothique en Europe de l’Est. Situé au cœur de la Transylvanie, ce monument impressionnant semble tout droit sorti d’un conte médiéval, avec ses hautes tours élancées, ses remparts fortifiés et son pont-levis suspendu au-dessus d’un ravin. Sa silhouette, à la fois majestueuse et mystérieuse, incarne toute la puissance et le romantisme de la région. Le château fut édifié au XVe siècle par Jean Hunyadi, un grand seigneur et chef militaire du royaume de Hongrie. Gouverneur de Transylvanie, il fit construire cette forteresse à la fois pour défendre ses terres et pour en faire une résidence digne de sa stature. Son fils, Matthias Corvin, deviendra plus tard roi de Hongrie, et donnera au château son nom définitif. Mélange harmonieux de styles gothique et renaissance, l’édifice se distingue par ses vastes salles voûtées, ses escaliers en colimaçon, ses galeries décorées et ses tours élégantes qui dominent le paysage alentour.
À l’intérieur, le visiteur découvre des lieux chargés d’histoire comme la Salle des Chevaliers, la chapelle gothique ou la grande cour intérieure. Chaque pierre semble porter la mémoire des siècles, et les fresques, blasons et sculptures rappellent la grandeur passée des Hunyadi, cette famille de guerriers qui tint tête aux invasions ottomanes. Mais le château n’est pas seulement un joyau d’architecture : il est aussi un réceptacle de légendes. L’une des plus célèbres est celle de la fontaine des prisonniers. Selon la tradition, trois captifs turcs auraient creusé un puits profond pendant plus de quinze ans, dans l’espoir d’obtenir leur liberté. Une fois l’eau atteinte, leur promesse aurait été trahie. Avant d’être exécutés, ils auraient gravé sur la margelle une phrase en turc signifiant : "Vous avez de l’eau, mais pas d’âme". Cette inscription, encore visible aujourd’hui, continue d’alimenter le mystère qui plane sur le château.
Une autre histoire, plus sombre encore, raconte que Vlad l’Empaleur, le prince valaque connu sous le nom de Dracula, aurait été emprisonné dans l’une des tours du château par Jean Hunyadi. Bien que les historiens restent prudents quant à cette affirmation, la rumeur a suffi à entretenir le lien entre le château et la figure légendaire du vampire transylvain. Cette aura ténébreuse, mêlée à la beauté du lieu, contribue largement à sa réputation.
Le château de Corvin est également riche en anecdotes. On raconte qu’il aurait inspiré Bram Stoker dans la création du château de Dracula, même si l’auteur s’est surtout appuyé sur celui de Bran. Les matériaux utilisés pour sa construction proviendraient en partie des anciennes mines de fer de Hunedoara, conférant à l’ensemble une solidité remarquable. Son décor saisissant attire régulièrement des tournages de films et de séries, parmi lesquels Ghost Rider 2 avec Nicolas Cage et The Nun, issu de la saga Conjuring. Certaines légendes locales évoquent même l’ombre d’un dragon qui planerait sur les remparts lors des nuits d’orage, rappelant la richesse du folklore transylvain.
Aujourd’hui, le château de Corvin est l’un des sites touristiques les plus visités de Roumanie. Entièrement restauré, il abrite des expositions sur la vie médiévale, des collections d’armes et d’armures, ainsi que des événements historiques reconstituant les grandes heures du passé. De nuit, lorsqu’il est illuminé, son reflet dans les eaux du ravin offre un spectacle inoubliable. Les festivals médiévaux, les visites nocturnes et les reconstitutions costumées plongent le visiteur dans une atmosphère unique, entre réalité historique et légende vivante.
Le château de Hunedoara n’est pas seulement un monument de pierre, c’est un témoin de l’histoire européenne, un symbole de courage et de puissance, et un lieu où l’imaginaire s’entremêle à la mémoire. En découvrant ses couloirs et ses tours, on ne visite pas seulement un château : on pénètre dans un univers où chaque recoin raconte un fragment de l’âme transylvaine.
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