
Le crime organisé n’est pas une spécificité d’un pays ou d’une culture : il traverse les continents, s’adaptant à chaque contexte géopolitique, social et économique. Les mafias ont souvent vu le jour dans des périodes d’instabilité, de pauvreté ou de conflit, profitant des failles institutionnelles pour consolider leur pouvoir. Elles ne se contentent pas de la criminalité de proximité : elles construisent de véritables réseaux transnationaux, contrôlant la drogue, les armes, la prostitution, la contrebande, la corruption et même certaines sphères légales comme l’immobilier et le commerce. Chaque organisation possède ses codes, ses traditions, son territoire et sa hiérarchie, mais toutes partagent une logique de survie, de profit et d’influence qui dépasse largement la criminalité ordinaire. Certaines, comme la Cosa Nostra ou les Triades, ont su se structurer avec discipline et longévité, tandis que d’autres, comme les gangs somaliens ou nigérians, ont émergé du chaos pour devenir des acteurs majeurs dans le crime global. L’étude des mafias offre ainsi une fenêtre sur les tensions, les vulnérabilités et les interdépendances du monde contemporain, où le pouvoir ne se limite pas à la politique ou à l’économie légale. En retraçant leur histoire, leurs sources de revenus et leur effectif, il est possible de mieux comprendre comment elles s’insèrent dans la société et s’imposent parfois comme des acteurs incontournables. Le crime organisé n’est jamais figé : il évolue, s’internationalise et se modernise avec les technologies, la mondialisation et les flux migratoires. Cet article se propose d’offrir une vue globale et structurée des mafias les plus influentes sur chaque continent, en respectant un cadre précis pour chaque organisation : nom, histoire, sources de revenus et nombre de membres.
Europe
Mafia Corse
Nom officiel / surnom : Mafia Corse (également appelée Corsican Mafia)
Histoire : Apparue dans les années 1930, la mafia corse s’est développée autour des familles influentes et du contrôle du trafic d’alcool, puis du trafic d’armes et de drogue. Elle a tissé des liens avec la criminalité italienne et internationale.
Sources de revenus : Trafic de drogues, racket, extorsion, blanchiment d’argent, contrebande d’armes, jeux clandestins.
Nombre de membres : Plusieurs milliers, principalement en Corse, avec des ramifications en France et en Europe.
Cosa Nostra (Italie)
Nom officiel / surnom : Cosa Nostra Sicilienne
Histoire : Apparue au XIXᵉ siècle en Sicile, la Cosa Nostra est organisée en familles hiérarchiques contrôlant des territoires précis. Elle a influencé la société, la politique et l’économie italienne et internationale.
Sources de revenus : Trafic de drogues, racket, jeux illégaux, extorsion, corruption, blanchiment d’argent.
Nombre de membres : Environ 5 000 à 10 000 membres actifs en Sicile et à l’étranger.
’Ndrangheta (Italie)
Nom officiel / surnom : ’Ndrangheta Calabraise
Histoire : Émergeant en Calabre au XIXᵉ siècle, elle est aujourd’hui considérée comme l’une des mafias les plus puissantes au monde, notamment grâce au contrôle du trafic international de cocaïne.
Sources de revenus : Drogues, extorsion, racket, blanchiment d’argent, corruption, trafic d’armes.
Nombre de membres : Plus de 10 000 membres, avec un réseau international.
Camorra (Italie)
Nom officiel / surnom : Camorra Napolitaine
Histoire : Remontant au XVIIᵉ siècle, la Camorra est composée de clans familiaux rivaux opérant surtout autour de Naples. Elle contrôle un vaste territoire et de nombreuses activités illégales.
Sources de revenus : Drogues, extorsion, racket, contrebande, construction et immobilier, trafic d’armes.
Nombre de membres : Plusieurs milliers, concentrés en Campanie et dans le monde entier.
Sacra Corona Unita (Italie)
Nom officiel / surnom : Sacra Corona Unita
Histoire : Fondée dans les années 1980 dans les Pouilles, elle a rapidement intégré le trafic de drogues et la contrebande maritime.
Sources de revenus : Drogues, prostitution, extorsion, trafic d’armes, contrebande maritime.
Nombre de membres : Environ 2 000 à 3 000 membres.
Mafia Turque
Nom officiel / surnom : Turkish Mafia, surnommée parfois “Loups Turcs”
Histoire : Elle se développe après les années 1950 dans les grandes villes comme Istanbul et Ankara, mêlant crime organisé, politique et affaires.
Sources de revenus : Drogues, prostitution, racket, jeux illégaux, blanchiment d’argent.
Nombre de membres : Environ 10 000 à 15 000 individus.
Mafia Albanaise
Nom officiel / surnom : Albanian Mafia
Histoire : Apparue dans les années 1990 après la chute du régime communiste, elle s’internationalise rapidement en Europe occidentale.
Sources de revenus : Drogues, trafic d’êtres humains, extorsion, racket, blanchiment d’argent.
Nombre de membres : 5 000 à 10 000 membres, principalement en Albanie et en Europe.
Mafia Russe
Nom officiel / surnom : Russian Mafia ou Bratva
Histoire : Émergeant dans les années 1980 à la fin de l’URSS, elle s’étend rapidement à l’international et infiltre la finance et l’économie légale.
Sources de revenus : Drogues, trafic d’armes, extorsion, blanchiment d’argent, prostitution, jeux illégaux.
Nombre de membres : Environ 50 000 à 60 000 membres, avec une forte présence internationale.
Mafia Géorgienne
Nom officiel / surnom : Georgian Criminal Groups
Histoire : Apparue après l’effondrement de l’URSS, active dans le trafic d’armes et la drogue, elle entretient des liens avec d’autres mafias post-soviétiques.
Sources de revenus : Drogues, extorsion, trafic d’armes, contrebande, blanchiment.
Nombre de membres : Quelques milliers, principalement en Géorgie et en Russie.
Amérique du Nord
Mafia américaine
Nom officiel / surnom : American Mafia / La Cosa Nostra américaine
Histoire : Implantée au début du XXᵉ siècle par les immigrants italiens, elle contrôle d’abord les quartiers de New York, Chicago et Las Vegas.
Sources de revenus : Racket, extorsion, jeux illégaux, drogues, prostitution, blanchiment.
Nombre de membres : 25 000 à 30 000 membres.
Mafia canadienne
Nom officiel / surnom : Canadian Mafia
Histoire : Se développe surtout à Montréal et Toronto à partir des années 1950, avec des liens étroits avec la mafia italienne et internationale.
Sources de revenus : Drogues, prostitution, racket, extorsion, blanchiment.
Nombre de membres : Plusieurs milliers.
Mafia mexicaine
Nom officiel / surnom : Cartels mexicains
Histoire : Les cartels mexicains se sont développés à partir des années 1980 autour du trafic de drogues vers les États-Unis, prenant le relais après l’affaiblissement des cartels colombiens.
Sources de revenus : Drogues, extorsion, kidnapping, contrebande d’armes, trafic d’humains, blanchiment d’argent, corruption politique et économique
Nombre de membres : 15 000 à 25 000 membres actifs
Amérique du Sud
Brésil
Nom officiel / surnom : Brazilian Organized Crime / PCC et Comando Vermelho
Histoire : Apparue dans les années 1970-1980 dans les prisons de São Paulo et Rio, elle contrôle aujourd’hui de nombreux quartiers et le trafic de drogues.
Sources de revenus : Drogues, extorsion, racket, braquages, trafic d’armes.
Nombre de membres : Plusieurs dizaines de milliers.
Paraguay
Nom officiel / surnom : Paraguayan Criminal Networks
Histoire : Se développe autour du commerce frontalier et du trafic de drogues depuis les années 1980.
Sources de revenus : Drogues, contrebande, extorsion, blanchiment.
Nombre de membres : Quelques milliers.
Bolivie / Pérou
Nom officiel / surnom : Andean Drug Cartels
Histoire : Contrôlent la production de coca depuis les années 1980 et s’exportent vers le marché mondial de la cocaïne.
Sources de revenus : Cocaïne, extorsion, blanchiment.
Nombre de membres : Plusieurs milliers.
Maras d’Amérique centrale
Nom officiel / surnom : MS-13 et 18th Street Gang
Histoire : Formées dans les années 1980 aux États-Unis par des immigrés salvadoriens, elles s’implantent ensuite au Salvador, Honduras et Guatemala.
Sources de revenus : Drogues, extorsion, trafic d’armes, vols et assassinats.
Nombre de membres : Plusieurs dizaines de milliers.
Asie
Yakuza (Japon)
Nom officiel / surnom : Yakuza
Histoire : Mafia japonaise traditionnelle, remontant au XVIIᵉ siècle, avec une structure très hiérarchisée.
Sources de revenus : Jeux, prostitution, drogues, extorsion, blanchiment.
Nombre de membres : 20 000 à 30 000.
Triades (Chine / Hong Kong)
Nom officiel / surnom : Triads
Histoire : Organisation séculaire, née au XVIIIᵉ siècle, active dans le monde entier.
Sources de revenus : Drogues, extorsion, prostitution, contrefaçon, jeux.
Nombre de membres : 30 000 à 50 000.
Kkangpae (Corée du Sud)
Nom officiel / surnom : Kkangpae
Histoire : Émerge dans les années 1950-1960 après la guerre de Corée, active dans le racket et les bars.
Sources de revenus : Drogues, prostitution, extorsion, jeux clandestins, cyberfraude.
Nombre de membres : 25 000 à 30 000.
Mafia pakistanaise
Nom officiel / surnom : Pakistani Criminal Networks / Lyari Gang
Histoire : Formée dans les années 1970-1980 dans les grandes villes, impliquée dans trafic et corruption.
Sources de revenus : Drogues, extorsion, contrebande, blanchiment, prostitution.
Nombre de membres : Plusieurs milliers.
Mafia thaïlandaise
Nom officiel / surnom : Chao Pho / Jaopho gangs
Histoire : Organisée depuis le XXᵉ siècle, forte dans les ports et quartiers urbains.
Sources de revenus : Drogues, prostitution, jeux illégaux, extorsion, blanchiment.
Nombre de membres : 15 000 à 20 000.
Afrique
Mafia nigériane
Nom officiel / surnom : Black Axe / Nigerian Criminal Networks
Histoire : Formée dans les années 1980-1990, internationale et très influente.
Sources de revenus : Fraudes, drogues, traite d’êtres humains, extorsion, blanchiment.
Nombre de membres : Plusieurs dizaines de milliers.
Réseaux somalis
Nom officiel / surnom : Pirates somaliens / Somali Organized Criminal Networks
Histoire : Émergent dans les années 1990 après l’effondrement de l’État, spécialisés dans la piraterie maritime.
Sources de revenus : Piraterie, traite d’êtres humains, trafic d’armes, extorsion, contrebande.
Nombre de membres : 1 500 à 3 000 actifs.
Mafias sud-africaines
Nom officiel / surnom : Numbers Gangs / Cape Flats Gangs
Histoire : Originaires des prisons et des quartiers pauvres, structurées depuis le XXᵉ siècle.
Sources de revenus : Drogues, extorsion, vols, mines illégales, trafic d’armes.
Nombre de membres : 70 000 à 100 000.
Mafia marocaine
Nom officiel / surnom : Rif Gangs
Histoire : Structurée depuis les années 1960 dans le Rif autour du cannabis, internationalisée dans les années 1980-1990.
Sources de revenus : Cannabis, drogues, contrebande, extorsion, blanchiment, traite d’êtres humains.
Nombre de membres : Plusieurs dizaines de milliers.
Mafia algérienne
Nom officiel / surnom : Organisations criminelles algériennes
Histoire : Émerge dans les années 1980, renforcée par la guerre civile des années 1990, active dans les zones urbaines et frontalières.
Sources de revenus : Drogues, contrebande, extorsion, armes, blanchiment, traite d’êtres humains.
Nombre de membres : Plusieurs milliers à dizaines de milliers.
Mafia tunisienne
Nom officiel / surnom : Clans tunisiens
Histoire : Active depuis les années 1970-1980 dans les ports et zones frontalières, professionnalisée dans les années 1990.
Sources de revenus : Drogues, contrebande, extorsion, blanchiment, traite d’êtres humains, trafic d’armes.
Nombre de membres : Quelques milliers.
Mafia égyptienne
Nom officiel / surnom : Gangs du Caire et d’Alexandrie
Histoire : Développée depuis les années 1970-1980 dans les quartiers pauvres et ports, active dans le trafic et la contrebande.
Sources de revenus : Drogues, contrebande, extorsion, traite d’êtres humains, blanchiment, trafic d’armes.
Nombre de membres : Plusieurs milliers.
Mafia soudanaise
Nom officiel / surnom : Gangs de Khartoum et du Darfour
Histoire : Émerge dans les années 1980-1990, dans un contexte de guerre civile et de faibles institutions.
Sources de revenus : Drogues, traite d’êtres humains, armes, contrebande, extorsion, blanchiment.
Nombre de membres : Plusieurs milliers.
L’étude des mafias à travers le monde révèle que, malgré les différences culturelles et géographiques, ces organisations partagent des traits fondamentaux : hiérarchie, contrôle du territoire, capacité à combiner activités illégales et légales, usage stratégique de la violence et influence sur le pouvoir politique ou économique. Elles prospèrent dans les zones où l’État est faible ou corrompu, mais certaines ont réussi à s’internationaliser, exploitant les failles des régulations, les flux migratoires et les réseaux financiers mondiaux. Leurs revenus sont diversifiés, allant des drogues et armes à la prostitution, la contrebande et le blanchiment d’argent, créant un écosystème criminel complexe et résilient. Chaque continent a ses spécificités : les mafias européennes sont souvent structurées et hiérarchisées, les mafias africaines et asiatiques plus souples mais tout aussi violentes, tandis que certaines organisations latino-américaines combinent terrorisme et criminalité économique. Les mafias ne sont pas seulement des entités criminelles : elles sont des miroirs des vulnérabilités sociales et politiques, des acteurs capables de s’adapter aux changements mondiaux et aux nouvelles technologies. Leur influence dépasse parfois la simple criminalité, infiltrant le commerce légal, la politique locale et internationale, et affectant profondément l’économie globale. Comprendre ces organisations, c’est comprendre une part essentielle de la dynamique mondiale contemporaine : les interactions entre pauvreté, corruption, pouvoir et opportunisme criminel. Leur existence rappelle que le monde n’est pas seulement structuré par des États et des lois, mais aussi par des réseaux informels capables de rivaliser avec le pouvoir officiel. Dans un monde globalisé, les mafias continuent de se réinventer, démontrant une capacité unique à survivre, prospérer et transcender les frontières, imposant à la société un défi constant en matière de justice, sécurité et régulation.