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20 octobre 2025

Culture : Le minaret Kalta Minor, le joyau inachevé de Khiva

 







  Au cœur de la cité ancienne de Khiva, dans l’actuel Ouzbékistan, se dresse un monument à la fois mystérieux et fascinant : le minaret Kalta Minor. Ce cylindre massif, couvert de carreaux turquoise et verts, domine la vieille ville fortifiée d’Itchan Kala, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Avec sa forme trapue et ses mosaïques éclatantes, il intrigue autant qu’il émerveille. Le minaret Kalta Minor fut commandé en 1851 par le khan Mohammed Amin, souverain ambitieux de Khiva. Il rêvait d’ériger le plus haut minaret d’Asie centrale, visible à des dizaines de kilomètres à la ronde, symbole de puissance et de foi. Mais le destin en décida autrement : la mort du khan interrompit les travaux, et la tour resta inachevée. Haute d’environ 26 mètres seulement, elle devait à l’origine dépasser 70 mètres. Son nom, Kalta Minor, signifie d’ailleurs “le minaret court”. Ce que Kalta Minor a perdu en hauteur, il l’a gagné en beauté. Recouvert de faïences émaillées bleues, vertes et blanches, il brille comme une gemme au soleil d’Ouzbékistan. Les motifs géométriques et les calligraphies en céramique rappellent le raffinement de l’art islamique du XIXᵉ siècle. La base, extrêmement large, donne une impression de force et de stabilité, contrastant avec la légèreté des couleurs qui l’enveloppent.


  Selon la légende, Mohammed Amin Khan voulait un minaret si haut qu’on pourrait voir Boukhara depuis son sommet. Craignant que le bâtisseur ne reproduise une telle merveille ailleurs, il aurait prévu de le faire exécuter à la fin du chantier. Mis au courant, l’architecte se serait enfui, laissant la tour inachevée. Ce récit populaire ajoute une aura de mystère à ce monument déjà mythique.


  Aujourd’hui, le minaret Kalta Minor est devenu l’un des symboles les plus photographiés de Khiva. Sa silhouette trapue et colorée s’impose dans les ruelles de la vieille ville, entourée de madrasas et de coupoles d’un autre temps. C’est le témoin silencieux d’une époque où Khiva était un carrefour de commerce, d’art et de culture sur la Route de la Soie.


  Ironie de l’histoire : c’est justement son inachèvement qui rend Kalta Minor si unique. Là où d’autres monuments visent la perfection, celui-ci incarne la beauté de l’incomplet, la grandeur d’un rêve interrompu. Dans la lumière dorée du soir, ses céramiques bleutées continuent de raconter, sans un mot, la poésie d’un projet jamais achevé.



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