Chaque année, du 3 au 5 février, la ville de Catane, en Sicile, célèbre Sant’Agata, sa sainte patronne, avec une ferveur exceptionnelle. Née au IIIe siècle, Agathe fut martyrisée pour avoir refusé les avances d’un préfet romain ; ses seins furent tranchés, ce qui fit d’elle une figure invoquée contre les maladies du sein et les catastrophes naturelles. À Catane, son culte est si ancré qu’il dépasse le cadre religieux pour devenir l’âme même de la cité. On estime qu’un million de personnes participent aux célébrations, faisant de cette fête l’un des plus grands événements religieux du monde.
La fête débute par un feu d’artifice géant, suivi par la procession des candelore : de gigantesques chandeliers portés par les corporations traditionnelles. Le 4 février, la châsse d’argent contenant les reliques de la sainte quitte la cathédrale, portée par des fidèles vêtus du sacco, une tunique blanche symbolisant l’humilité. Le cortège suit un long parcours à travers les rues de la ville, s’arrêtant sur les lieux liés au martyr d’Agathe. Le moment le plus spectaculaire reste l’ascension de la via di San Giuliano, une pente raide gravie en courant dans une ambiance de tension spirituelle et d’enthousiasme populaire.
Au-delà de la foi, cette fête est profondément identitaire. Chaque détail, du costume blanc aux chants, en passant par les cierges géants, exprime un attachement collectif à une tradition séculaire. Des pâtisseries typiques comme les minne di Sant’Agata (en forme de seins) ou les olivette rappellent les épisodes du martyre tout en s’ancrant dans la culture gourmande de la Sicile. Malgré son ancrage religieux, la fête est aussi un moment de retrouvailles, de transmission, de célébration de l’histoire et de l’âme catanéenne.
Certaines années ont marqué les esprits, comme en 2020, lorsque la fête a été suspendue en raison du Covid... Une première depuis des siècles ! On dit aussi que lors de l’éruption de l’Etna de 1669, les reliques de la sainte auraient arrêté la lave aux portes de Catane. Aujourd’hui, les Catanéens souhaitent faire inscrire cette fête au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Car Sant’Agata, c’est bien plus qu’une sainte : c’est un symbole de résistance, d’unité et d’amour indéfectible entre une ville et sa martyre.
Plus qu’une simple célébration, la fête de Sant’Agata est une explosion de foi, de mémoire et d’identité. À Catane, on ne vénère pas seulement une sainte : on défend une histoire, on embrasse une douleur, on célèbre une force. Là où le religieux rencontre le populaire, là où la ferveur devient chair, Sant’Agata continue, siècle après siècle, de faire battre le cœur de toute une ville.
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