C’est au début du XXe siècle, en 1910, qu’on trouve la première mention du croque-monsieur dans un café parisien du boulevard des Capucines. Selon une légende savoureuse, le sandwich serait né par accident, un patron aurait laissé traîner un sandwich jambon-fromage sur un radiateur... et trouvé le résultat si délicieux qu’il en fit une spécialité. Très vite adopté, le croque-monsieur devient un incontournable des brasseries, gagnant même les tables bourgeoises. Au fil des décennies, il a su traverser les générations sans jamais perdre son charme.
Parmi les plats les plus emblématiques des bistrots français, le croque-monsieur tient une place de choix. À la fois simple et réconfortant, ce sandwich chaud au pain de mie, garni de jambon et de fromage, évoque les repas rapides mais savoureux. Son nom, intriguant, viendrait du verbe "croquer" et d’un clin d’œil humoristique : à l’époque de son apparition, on le disait "assez croustillant pour qu’on croie y mordre un monsieur". Le croque-monsieur, c’est le genre de plat qu’on aime autant en terrasse de café qu’à la maison, avec une salade ou quelques frites à côté.
Un bon croque-monsieur repose sur trois piliers : du pain de mie bien frais, du jambon de qualité, et un fromage fondant comme le gruyère ou l’emmental. Certains puristes y ajoutent une béchamel maison, d’autres préfèrent le faire gratiner avec un peu de crème ou de beurre. Le secret réside souvent dans la cuisson : il doit être doré, croustillant à l’extérieur, et fondant à cœur. À la poêle, au four ou dans un appareil à croque-monsieur, chacun a sa méthode. Une touche de muscade dans la béchamel ou un soupçon de moutarde dans le pain peuvent faire toute la différence. Le croque-monsieur a donné naissance à de nombreuses variantes. Le plus connu est sans doute le croque-madame, surmonté d’un œuf au plat. Il existe aussi des versions végétariennes, au saumon fumé, au fromage de chèvre, ou même sucrées, comme le croque-banane-nutella. À l’international, ses cousins s’affichent sous d’autres noms : le grilled cheese sandwich aux États-Unis, les toasties britanniques ou encore les “croques” au fromage japonais, souvent servis en convenience stores. Ce sandwich s’est adapté à toutes les sauces, sans jamais trahir son esprit d’origine.
Le croque-monsieur ne se limite pas à nos assiettes : il a aussi inspiré la culture populaire. En 1969, Jean Poiret en fait le titre d’une pièce de théâtre humoristique qui sera ensuite adaptée au cinéma. Dans la littérature, on le retrouve parfois comme symbole de nostalgie, de simplicité ou de confort. C’est un plat souvent associé à l’enfance, à des moments chaleureux ou à la pause déjeuner des écoliers et des étudiants. Peu de plats peuvent se vanter d’être à la fois si familiers et si universels. En 2016, un croque-monsieur de plus de 30 mètres a été confectionné lors d’un événement culinaire en France, entrant dans le livre des records. Certains grands chefs, comme Alain Ducasse ou Anne-Sophie Pic, s’amusent à le revisiter dans leurs menus gastronomiques. Au Japon, on le trouve dans certaines chaînes de konbini, parfois agrémenté de curry ou de crevettes. Et à Paris, quelques établissements en ont même fait leur spécialité, proposant une carte de croques haut de gamme !
Comme quoi, derrière sa simplicité, le croque-monsieur cache une étonnante richesse.
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