Au cœur de l’ancienne Samarcande, en Ouzbékistan, se dresse un mausolée d’un bleu céleste éclatant : le Gour Émir, littéralement "Tombeau du souverain". Ce monument n’est pas seulement un chef-d'œuvre de l’architecture timouride, c’est aussi le lieu de repos d’un des plus grands conquérants de l’histoire : Tamerlan, aussi appelé Timur.
Qui était Tamerlan ? Né vers 1336 dans la ville de Kech (aujourd’hui Chakhrisabz, en Ouzbékistan), Timur était un chef militaire d’origine turco-mongole. Ambitieux, rusé, impitoyable, il s’imposa rapidement comme le maître de l’Asie centrale et fonda un empire immense allant de l’Inde au Moyen-Orient, en passant par la Perse, l’Anatolie et même Moscou. Contrairement à Gengis Khan, Timur se présentait comme le restaurateur de la culture persane, patron des arts et bâtisseur d’un empire aussi érudit que puissant. Il fit de Samarcande sa capitale, qu’il transforma en joyau architectural.
Qu’est-ce que le Gour Émir ? Le Gour Émir est un mausolée construit au début du XVe siècle pour accueillir le corps du prince Mohammed Sultan, petit-fils préféré de Timur, mort prématurément. Mais le destin en décida autrement : en 1405, Tamerlan meurt pendant une campagne militaire en Chine, et comme les montagnes enneigées rendent le retour vers sa ville natale impossible, il est inhumé ici, à Samarcande, dans le mausolée qu’il avait fait ériger. C’est ainsi que le Gour Émir devint le tombeau officiel des Timourides, y compris Ulugh Beg, petit-fils de Timur, célèbre astronome et souverain éclairé. Le Gour Émir impressionne d’abord par son immense dôme turquoise cannelé, symbole de l’architecture islamique de l’époque. L’intérieur, richement décoré, mêle calligraphies arabes, mosaïques dorées, pierre de jade noire et motifs géométriques d’une précision sidérante. Le lieu est à la fois un monument funéraire, un chef-d'œuvre artistique, et un symbole de pouvoir impérial.
Lorsque les archéologues soviétiques décidèrent d’ouvrir le tombeau de Tamerlan en juin 1941, ils auraient découvert une inscription menaçante gravée à l’intérieur du sarcophage : "Celui qui dérangera mon sommeil déclenchera un ennemi plus terrible que moi." Coïncidence troublante ou malédiction réelle : trois jours plus tard, Hitler envahit l’Union soviétique, déclenchant l’opération Barbarossa, l’une des campagnes militaires les plus sanglantes de tout les temps. En 1942, les restes de Timur furent réinhumés avec tous des rites islamiques. Et quelques semaines plus tard, les troupes soviétiques remportaient la bataille de Stalingrad.
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