Le rhum est plus qu’un simple spiritueux. Il est le fruit d’une histoire tumultueuse entre continents, d’un savoir-faire transmis à travers les siècles, et d’un art de vivre que l’on retrouve aussi bien dans les îles que sur les plus grandes tables du monde. Il est né dans les plantations de canne à sucre des Caraïbes au XVIIe siècle, le rhum est étroitement lié à l’histoire coloniale et au commerce triangulaire. C’est à cette époque que la mélasse, sous-produit de la fabrication du sucre, commence à être distillée par les esclaves pour produire cette boisson forte. Les ports comme ceux de La Barbade, de la Jamaïque ou encore de la Martinique deviennent alors des points névralgiques du commerce du rhum, échangé contre esclaves et marchandises. Rapidement, le rhum devient la boisson favorite des marins, des colons et évidemment, des pirates.
Le rhum est la star incontestée de nombreux cocktails. Mais il se savoure aussi pur, surtout lorsqu’il est vieux. En cuisine, il parfume aussi bien les babas(au rhum) que les gaufres ou les sauces flambées. Dans certaines régions, comme à la Réunion ou en Haïti, le rhum est aussi utilisé dans des préparations médicinales traditionnelles. En Haïti, certains rhums sont associés au vaudou, et utilisés dans des rituels.
Le rhum est divisé en plusieurs familles. Le rhum agricole, produit à partir du pur jus de canne à sucre, principalement en Guadeloupe, Martinique et Réunion, il offre une palette aromatique végétale et fruitée. Le rhum industriel, issu de la mélasse. C'est le plus répandu dans le monde, il est souvent plus rond et sucré que les autres. Le rhum ambré ou paille, vieilli quelques mois en fût, il a une couleur dorée. Le rhum overproof, le plus fort, souvent à plus de 70°. Le rhum blanc idéal pour les cocktails. Enfin, le rhum vieux est considéré comme le meilleur, vieilli au minimum trois ans, le plus souvent en fût de chêne.
Une bouteille de rhum de 1780, retrouvée dans une cave écossaise, s’est vendue à plus de 40 000 euros aux enchères.
Le célèbre "grog" des marins britanniques était un mélange de rhum, d’eau chaude, de citron et de sucre, censé éviter le scorbut et garder les hommes dociles. En 1954, l’armée britannique a officiellement mis fin à la distribution quotidienne de rhum à ses marins, c’était la fin du célèbre "rum ration".
Aux USA, pendant la prohibition dans les années 30, le rhum de contrebande arrivait souvent par la mer depuis les Antilles. Les contrebandiers étaient surnommés les "rum runners".
Voici quelques noms qui plaisent aux amateurs :
- Négrita (France)
- Clément XO (Martinique)
- Rhum Neisson (Martinique)
- Mount Gay (Barbade)
- Appleton Estate (Jamaïque)
- Captain Morgan (USA / Jamaïque)
- Hampden Estate (Jamaïque)
- Zacapa 23 (Guatemala)
- Diplomático (Venezuela)
- Don Papa (Philippines)
- Bacardi, référence en la matière, fondé en 1862 à Santiago de Cuba par Don Facundo Bacardí Massó, Bacardi révolutionne le rhum avec un procédé de filtration au charbon qui le rend plus léger et plus accessible au grand public. C’est ce style qui deviendra la base des grands cocktails cubains comme le mojito ou le daiquiri. Après la révolution castriste, la famille Bacardi s’exile, et la production est relocalisée aux Bahamas, à Porto Rico et au Mexique. Aujourd’hui, Bacardi est le plus grand producteur de rhum au monde, mais les puristes lui reprochent un goût trop standardisé.
- Havana Club, En réponse à Bacardi, Havana Club, marque nationale cubaine fondée en 1934, incarne l’identité du rhum "d’État". Depuis 1993, elle est gérée par Cuba Ron et Pernod Ricard. Son Añejo 7 años est un classique. Cependant, la marque est introuvable aux États-Unis à cause de l’embargo, un paradoxe savoureux, Bacardi y commercialise un "Havana Club" fabriqué à Porto Rico après avoir racheté les droits américains. Résultat : deux "Havana Club" coexistent, et l’affaire est toujours en litige.
Du tumulte des plantations coloniales aux bars branchés des grandes villes, le rhum a traversé les siècles transportant avec lui des histoires de lutte, de fête, d’identité et d’innovation. Il incarne à la fois l’héritage d’un passé complexe et la richesse d’un savoir-faire vivant, sans cesse renouvelé. Autant de recettes que de saveurs. Que l’on soit amateur de cocktails sirotés au bord d’une plage, explorateur de rhums vieux aux arômes boisés, ou simplement curieux de l’histoire cachée derrière chaque gorgée, le rhum nous rappelle que chaque bouteille est un voyage, chaque goût une mémoire.
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