Jean Parisot de la Valette (1494-1568) est l’une des figures majeures de l’histoire méditerranéenne du XVIᵉ siècle. Né dans une famille noble du Quercy, dans le sud-ouest de la France, il entre dès son adolescence dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, plus connu sous le nom d'ordre des chevaliers de l’Hôpital. À l’époque, cet ordre militaire et religieux est entièrement tourné vers la protection des pèlerins et la défense du monde chrétien contre les attaques musulmanes.
Formé au combat naval et terrestre, Jean de la Valette se distingue d’abord lors des nombreuses escarmouches contre les corsaires musulmans en Méditerranée. Il est capturé en 1541 par les Ottomans lors d’un combat et passe un an comme esclave sur les galères ennemies, une épreuve terrible qui ne fait que renforcer sa détermination. À sa libération, il poursuit son ascension au sein de l’ordre jusqu’à être élu Grand Maître en 1557. Jean de la Valette parlait couramment plusieurs langues, dont l’italien, l’occitan, et l’arabe, appris pendant sa captivité.
Son destin bascule au mois de mai 1565 avec l’événement qui va forger sa légende : le Grand Siège de Malte. Face aux ambitions du sultan Soliman le Magnifique, qui veut s’emparer de cette position stratégique au cœur de la Méditerranée, Jean de la Valette organise la résistance avec une détermination farouche. Les forces ottomanes, menées par le célèbre corsaire Dragut (qui mourra durant le siège, retenez ce nom), comptent environ 30 000 à 40 000 hommes. En face, à peine 6 000 défenseurs, dont beaucoup de civils et dont seulement 500 chevaliers. Lors du siège, les défenseurs de Malte avaient tellement peu de munitions qu’ils recyclaient les boulets ennemis pour tirer à nouveau. Malgré des bombardements incessants et des vagues d'assauts, les défenseurs tiennent bon. Fort Saint-Elme tombe après une résistance héroïque, mais au prix de lourdes pertes ottomanes.
Jean de la Valette coordonne habilement la défense depuis Birgu (Vittoriosa), la ville principale fortifiée. Sous un soleil écrasant, la lutte est féroce. Les chevaliers et les habitants de Malte se battent pied à pied, dans des conditions d’extrême violence. Jean de la Valette, malgré ses 71 ans, combat sur les remparts, harangue ses hommes, soigne les blessés, et refuse toute reddition. Grâce à sa stratégie d’attrition et à sa foi inébranlable, il parvient à briser l’élan ottoman. En septembre, après des mois d’épuisement, de maladies et de combats sanglants, l'armée ottomane, décimée et démoralisée, abandonne le siège lorsque des renforts chrétiens débarquent de Sicile. . Cette victoire retentissante sauve non seulement Malte, mais aussi l’Europe occidentale d’une possible expansion ottomane en Méditerranée.
Après cette épreuve, Jean de la Valette décide de fortifier encore plus l’île. Il fonde La Valette, l'actuelle capitale, conçue comme une ville imprenable, dotée de bastions ultramodernes pour l’époque. Malheureusement, il meurt en 1568, avant d’assister à l’achèvement de son œuvre. Il est enterré dans la co-cathédrale Saint-Jean de La Valette, qu’il avait initiée. Son épée et sa dague sont aujourd'hui conservées dans le Palais des Grands Maîtres à La Valette, devenues de véritables symboles nationaux pour Malte.
Malte devient un symbole de résistance chrétienne et stratégique en Méditerranée. Jean de la Valette est acclamé en héros à travers toute l’Europe.
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