Après la Révolution de Juillet 1830, Louis-Philippe monte sur le trône et hérite d’un pays instable. De nombreux étrangers sont présents en France, souvent anciens soldats sans emploi. Plutôt que de les intégrer dans l’armée régulière, le gouvernement crée une unité spécifique où ces hommes pourront servir, mais uniquement à l’étranger (d’où son nom !). Ainsi en 1831 fut fondée la Légion étrangère, une unité unique au monde. Elle accueille des volontaires de toutes nationalités prêts à servir la France, souvent pour tourner une page, fuir un passé ou chercher un nouvel idéal. Sa devise : Legio Patria Nostra ("La Légion est notre patrie").
Basée aujourd’hui dans sept casernes, mais présente sur de nombreux théâtres d’opérations (Sahel, Guyane, Djibouti…), la Légion s’est illustrée dans toutes les grandes campagnes françaises : de la conquête de l’Algérie à la guerre d’Indochine, en passant par la bataille de Camerone au Mexique en 1863, acte fondateur de l’esprit légionnaire. 65 légionnaires résistent héroïquement à 2 000 soldats mexicains. Leur sacrifice est devenu le symbole du courage et de la fidélité au devoir.
La discipline y est de fer, mais elle offre une seconde chance à ceux qui respectent ses règles. On y apprend le dépassement de soi et la fraternité d’armes. Uniformes impeccables, képi blanc et mystique de l’anonymat, tout y contribue à forger une élite. Un dicton dit : "même dans la boue ou le désert, un légionnaire doit avoir des chaussures cirées". Cela traduit l’idée que le respect de soi et du groupe passe par la rigueur, en toute circonstance. A la Légion, peu importe ton passé ou ton origine, tu recommences à zéro, et ta nouvelle famille, c’est la Légion. Les engagés reçoivent un nom d’emprunt à leur arrivée. Cela permet de « tirer un trait » sur une vie passée. Certains rejoignent la Légion pour fuir la guerre, un échec, ou la justice. L’anonymat est sacré, et le pardon implicite. Aujourd’hui, la Légion rassemble des hommes de 140 nationalités différentes, même s’ils finissent tous par parler français. Beaucoup viennent d’Europe de l’Est, d’Amérique latine, ou d’Afrique. Certains sont diplômés, anciens soldats, ou même artistes. Chaque légionnaire a une histoire.
Pour entrer dans la légion, il suffit de se présenter dans un poste de recrutement. Après les tests (physiques, médicaux, psychotechniques), les recrues passent par le centre de Castelnaudary, où elles subissent un entraînement rude (marche, discipline, vie en collectivité, français intensif). Cette phase dure 4 mois, souvent vécue comme une épreuve initiatique. L’objectif est de casser les repères de l’ancienne vie et rebâtir un soldat discipliné, endurant, fraternel et dévoué. Les journées commencent à 5h du matin. Au programme : Course à pied, marches forcées, pompes, tractions, tir, maniement des armes, manœuvres tactiques, cours de français, treks avec sac de 25 kg, constructions de ponts, bivouacs sous la pluie, etc ... L’un des moments les plus symboliques dans la carrière du légionnaire c'est la marche du "képi blanc" un trek de plusieurs jours avec peu de sommeil, qui se termine par la remise solennelle du fameux képi blanc. Ce moment scelle l’entrée dans la famille légionnaire.
Dans l’imaginaire collectif, la Légion est un refuge d’hommes durs, silencieux et loyaux. Mais derrière le mythe, elle reste un outil stratégique moderne et un creuset humain unique. Peu d’armées peuvent se targuer d’avoir inspiré autant de récits.. Films, romans, chansons : la Légion fascine. Elle apparaît dans Beau Geste, dans les films de Jean-Claude Van Damme, dans des bandes dessinées ou des jeux vidéo. Parfois idéalisée, parfois critiquée, elle reste entourée d’un halo de mystère et de respect.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire