Dans le swinging London des années 60, quatre jeunes musiciens à l’allure soignée et au son tranchant décident de monter un groupe. Il se forme en 1965 autour de Steve Marriott, Ronnie Lane, Kenney Jonesnet et Jimmy Winston (remplacé plus tard par Ian McLagan aux claviers). Leur nom, "The Small Faces" fait référence à leur petite taille et au mot "face", désignant un mod influent.
Très vite, The Small Faces deviennent les chouchous de la scène mod, ce courant british stylé, énergique et amoureux de soul et de rock. Et très vite, ils cartonnent avec des tubes comme Sha-La-La-La-Lee ou Watcha Gonna Do About It, au croisement du Rythm & Blues nerveux et de la pop mélodique. Mais c’est avec l’évolution vers la pop psychédélique que les Small Faces frappent un grand coup.
Petite parenthèse, en 1967, les Small Faces doivent jouer à l’Olympia. Mais Steve Marriott refuse de monter sur scène à cause d’un différend avec l’organisateur, qu’il juge irrespectueux. Conséquence, le public est furieux, il y a des bagarres dans les coulisses et des instruments détruits.
En 1968, ils sortent Ogden’s Nut Gone Flake, un album concept fou, construit comme un conte psychédélique narré par le délirant Stanley Unwin. C’est l’un des disques les plus audacieux de l’époque, tant par sa forme que par son fond. Lazy Sunday, Afterglow, Song of a Baker... tout y est brillant, audacieux, et dément. “Lazy Sunday” était censée rester une blague, une sorte de délire musical avec accent cockney très marqué. Mais leur label l’a sortie en single sans leur autorisation, la jugeant trop accrocheuse pour être ignorée. Résultat : un énorme succès, mais tension maximale avec le groupe. Leur plus gros hit, Itchycoo Park, une balade planante aux effets studio novateurs (notamment l'utilisation du phasing), reste un classique du Summer of Love made in UK. Le célèbre effet de phasing (le son “tourbillonnant”) qu’on entend dans Itchycoo Park était une première dans l’histoire de la musique pop. Les ingénieurs ont obtenu ce son en synchronisant deux bandes magnétiques, puis en ralentissant manuellement l’une d’elles avec un doigt. Un effet totalement artisanal, mais génial. À l’époque, le morceau a été banni par la BBC sous prétexte qu’il évoquait la drogue. En réalité, c’était vrai.
Malheureusement, les étoiles brillent trop fort. Steve Marriott quitte le groupe en 1969 pour fonder Humble Pie. Les autres rejoignent Rod Stewart et Ron Wood pour former The Faces, un autre chapitre culte. Trop souvent relégués au second plan derrière les Beatles, les Stones, les Kinks ou les Who, les Small Faces ont pourtant influencé des générations de musiciens de Blur à Oasis. Leur son, leur énergie et leur sens de l’expérimentation en font des pionniers du rock psyché et une référence absolue du mouvement mod. Bien plus tard, on les considèrent parmi les prophètes de la Britpop.
Anecdote : avant de fonder Led Zeppelin, Jimmy Page voulait que Steve Marriott soit le chanteur de son nouveau groupe. Marriott, déjà engagé dans Humble Pie, a décliné. Alors Page est allé chercher un certain Robert Plant. Le destin du rock aurait pu être bien différent !
Ils ont produit 5 albums studio, 3 EP, 14 compilations... On ne sait pas combien d'albums ont été vendus, surement des millions car leur musique a traversé les décennies, peu importe les chiffres, les Small Faces ont vendu une attitude, un son et un style.
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