Rechercher dans ce blog

Les archives

30 avril 2025

Culture : la Pervitine, l’amphétamine des nazis

 






  Pendant la Seconde Guerre mondiale, la victoire semblait aussi se jouer dans les laboratoires. Parmi les substances les plus emblématiques utilisées par le régime nazi figure la Pervitine, une amphétamine synthétique distribuée massivement aux troupes allemandes. Ce petit comprimé blanc, présenté à l’époque comme une "vitamine miracle", allait transformer le comportement et la résistance des soldats allemands, pour le meilleur, puis rapidement pour le pire.


  La Pervitine est mise au point en 1937 par les laboratoires Temmler Werke, basés à Berlin. En 1938, elle est mise sur le marché comme médicament en vente libre, vantée comme un remède contre la fatigue, la dépression et même les douleurs menstruelles. Mais très vite, la Wehrmacht comprend son potentiel militaire. Les soldats sous Pervitine restent éveillés plus de 24 heures, endurent les marches forcées, et exécutent les ordres avec une concentration et une agressivité accrues.


  Pendant la campagne de France en 1940, des dizaines de millions de comprimés sont distribués aux troupes. Les soldats allemands avancent jour et nuit, sans repos, écrasant les défenses françaises avec une rapidité déconcertante. Le général Rommel, chef de la 7e Panzerdivision, aurait fait distribuer des doses à ses hommes pour maintenir leur rythme effréné. La drogue devient une arme tactique autant qu’un dopant. La Blitzkrieg, la "guerre éclair", se déroule aussi dans le système nerveux. Les effets de la Pervitine sont fulgurants, mais pas sans conséquences. Très vite, les médecins militaires observent des crises de paranoïa, des hallucinations, de l’insomnie chronique, et même des accès de violence incontrôlée. De nombreux soldats tombent dans une dépendance sévère et souffrent de syndromes de manque.


  Face à ces effets secondaires, le commandement allemand tente de restreindre son usage à partir de 1941. Une version combinée avec un sédatif, appelée D-IX, est même testée dans les camps de concentration, notamment à Sachsenhausen, sur des prisonniers forcés de marcher jusqu’à l’épuisement.


  Le rôle de la Pervitine au sommet du pouvoir nazi reste débattu. Le médecin personnel d’Hitler, Theodor Morell, lui administrait régulièrement des cocktails de vitamines, hormones, et autres substances. Plusieurs sources indiquent que des injections de méthamphétamine faisaient partie du traitement du Führer à partir de 1943, ce qui pourrait expliquer certaines de ses décisions totalement irrationnelles lors de la fin de la guerre. Après 1945, la Pervitine est interdite dans la plupart des pays, mais son histoire reste une leçon troublante sur l’alliance entre science, guerre et pouvoir. Elle préfigure les problèmes de dopage militaire modernes et les dérives des psychotropes dans un contexte politique de contrôle absolu.


  Après la capitulation de l’Allemagne nazie, des millions de comprimés de Pervitine restaient en circulation, entre les stocks non détruits et les réserves personnelles. Dans l’Allemagne en ruines, marquée par la faim, la fatigue et la peur, la Pervitine devient une drogue de survie. Ouvriers, mères de famille épuisées, étudiants ou anciens soldats s’en procurent "sous le manteau", espérant quelques heures d’énergie ou d’évasion. Sur le marché noir, elle circule librement, parfois sous d’autres noms, parfois vendue à la découpe comme une pseudo-vitamine ou un coupe-faim. Ce trafic est toléré pendant un temps, puis progressivement réprimé à mesure que l’opinion publique prend conscience de ses effets addictifs. En RDA comme en RFA, les autorités médicales classent officiellement la Pervitine comme substance dangereuse dans les années 1950, et elle disparaît peu à peu du paysage légal, mais non sans avoir laissé des traces durables dans les corps et les mémoires.



Nature : General Sherman Tree, le plus grand arbre du monde








  Il se trouve dans la forêt de séquoias du Parc national de Sequoia, en Californie (USA), dans la célèbre Giant Forest. C’est un Séquoia géant (Sequoiadendron giganteum), une espèce endémique de la Sierra Nevada. Baptisé en l’honneur du général William Tecumseh Sherman (héros de l’Union pendant la guerre de Sécession), le nom a parfois été critiqué, certains préférant des noms autochtones ou écologiques. Presque 84 mètres de haut, plus de 31 mètres de circonférence à la base, Environ 1487 m³ de bois, ce qui en fait l’arbre avec le plus grand volume de bois vivant sur Terre. Son âge est estimé entre 2200 et 2700 ans, il a vu passer des civilisations entières. Il n’existe malheureusement pas de nom traditionnellement associé à cet arbre particulier. Sa croissance lente mais constante, même à plus de 2000 ans, le General Sherman continue de croître chaque année. Il produit suffisamment de bois pour fabriquer un arbre de taille moyenne tous les ans. Sa capacité à survivre aux incendies est remarquable grâce à son écorce épaisse (jusqu’à 60 cm) et son bois riche en tanins. En 2006, une branche de plus de 30 mètres de long s’est détachée sans raison apparente. Cela n’a pas mis en cause la santé de l’arbre, mais a rappelé que même les géants sont vivants et imprévisibles.



Culture : Mithra, la première société secrète de l’Histoire ?

 






  Parmi les cultes à mystères qui ont fleuri dans l'Empire romain, celui de Mithra se distingue par son caractère ésotérique, sa forte symbolique et l’élite qu’il fédérait. Né de racines indo-iraniennes, Mithra est d’abord une divinité solaire dans le zoroastrisme, protecteur des contrats et garant de la vérité. Mais c’est sa forme gréco-romaine, le Mithraïsme, qui marque l’histoire de l’Empire à partir du Ier siècle.


  Introduit à Rome probablement par des mercenaires ou des commerçants orientaux, le culte se développe surtout chez les soldats. Ce n’est pas un hasard car il exalte la discipline, le courage, la fraternité et la loyauté. Des valeurs chères à la vie militaire. Le culte se pratiquait dans des temples souterrains appelés mithræa (singulier : mithræum), symbolisant la caverne cosmique où Mithra accomplit l’acte fondamental de sa légende : la tauroctonie, c’est-à-dire le sacrifice d’un taureau primordial. Ce mythe, riche en interprétations, semble représenter la création de la vie et l’ordre cosmique.


  Les adeptes du culte passaient par des degrés initiatiques, chacun associé à un symbole et à une planète (par exemple, Corax pour Mercure, Nymphus pour Vénus, Leo pour Jupiter, etc...). Les rituels étaient secrets, réservés aux hommes, et l’initiation impliquait des épreuves symboliques, voire physiques, visant à éprouver la foi et la force de l’initié. Une inscription retrouvée à Carnuntum (en Autriche) fait mention d’un centurion qui avait atteint le plus haut degré initiatique : Pater Patrum (Père des Pères). Cela montre que le culte permettait aussi une forme de promotion symbolique et spirituelle.


  Contrairement aux religions publiques, le culte de Mithra ne cherchait pas à dominer la société civile. Il s’enracinait dans la sphère privée et militaire. Son symbolisme complexe, souvent astronomique et astrologique, fascine encore les chercheurs. Les représentations de Mithra le montrent toujours en tunique orientale, transperçant le taureau dans un geste théâtral, entouré de symboles zodiacaux et d’animaux sacrés (chien, serpent, corbeau, scorpion...). Un bas-relief retrouvé à Marino (Italie) montre Mithra tenant un globe céleste : certains y voient une allusion directe au contrôle des astres, ce qui renforçait le pouvoir mystique du dieu auprès des initiés.


  Le Mithraïsme prospère du Ier au IVe siècle de notre ère, souvent en parallèle avec d'autres cultes orientaux comme celui d'Isis ou de Cybèle. Il fut parfois vu comme un concurrent du christianisme naissant, car lui aussi promettait une forme de salut et de vie éternelle à ses initiés. Mais à la différence du christianisme, le mithraïsme ne cherchait pas à convertir les masses. Certains historiens ont spéculé sur des influences du culte de Mithra sur le christianisme (comme le 25 décembre, parfois associé à la naissance du Soleil invaincu), mais ces liens restent très débattus et souvent exagérés. Des inscriptions trouvées dans des camps militaires montrent que des soldats envoyaient des lettres à leurs familles mentionnant les fêtes de Mithra, appelées parfois dies natalis Solis Invicti (le jour de naissance du Soleil Invaincu), célébrées autour du 25 décembre. Sa fin s’amorce avec la christianisation de l’Empire. Les temples sont abandonnés ou détruits à partir du IVe siècle. À Rome, un magnifique mithræum se trouve sous l’église chrétienne Saint-Clément, illustrant la superposition des cultes dans la ville éternelle. L’idée que le christianisme aurait "emprunté" à Mithra son rituel du pain et du vin, sa date de naissance ou la symbolique du salut est aujourd’hui très débattue. Une fresque de banquet retrouvée à Capua (Italie) montre des initiés attablés aux côtés de Mithra, représentant l’idée d’une "cène rituelle". Certains y ont vu un parallèle troublant avec la Cène chrétienne, même si les contextes sont très différents. Les similitudes sont souvent plus superficielles que réelles, mais elles ont alimenté de nombreuses théories ésotériques et néo-païennes.


  Ce culte a cependant laissé une empreinte durable, tant par la richesse de son iconographie que par les spéculations qu’il continue de susciter. Il fascine les ésotéristes, les historiens des religions, mais aussi les amateurs de mystères antiques. Les mithræa étaient souvent situés à proximité de thermes ou de casernes, preuve que les initiés se retrouvaient dans un cadre à la fois social, physique et rituel, presque comme un club fermé.


  On peut considérer le culte de Mithra comme l’une des premières grandes sociétés secrètes structurées de l’histoire, surtout en Occident. Il en partage plusieurs caractéristiques comme l'initiation progressive avec plusieurs degrés (sept, comme dans certaines sociétés secrètes modernes).  Le symbolisme complexe et codé, les rituels secrets, réservés à un petit cercle d’initiés, des espaces cachés, souvent souterrains, à l’abri du regard public. Mais en revanche, il ne s’agit pas d’une "société secrète" au sens moderne, car le culte était connu, et même respecté dans l’Empire. Il n’était pas subversif ni en opposition avec l’ordre établi, au contraire, il soutenait l’idéal impérial et la discipline militaire. Certains chercheurs contemporains ont voulu voir dans le culte de Mithra une proto-franc-maçonnerie, à cause de ses grades, de ses rites secrets et de son symbolisme. Mais il n’existe aucune filiation historique directe entre les deux.



29 avril 2025

Musique : Status Quo, du rock’n’roll sans fioritures







  C’est un groupe de rock britannique formé en 1962, d’abord sous le nom de The Spectres, puis The Status Quo, avant de devenir simplement Status Quo. Leurs riffs sont simples mais efficaces, et leur carrière est d'une incroyable longévité. Status Quo, c’est le rock boogie par excellence, avec un son reconnaissable entre mille. Pas d’esbroufe technique, mais une efficacité redoutable et une énergie taillée pour la scène. Des titres emblématiques comme "Caroline" "Down Down" "Ice in the Sun" "Again and Again" "Pictures of Matchstick Men" "In the Army Now" "Burning Bridges". Plusieurs étapes, boogie, psychédélique, new wave, etc... tout en restant fidèle à la pop. Avec plus de 60 albums (studio, live, compilations), ils font partie des groupes les plus prolifiques du Royaume-Uni. Francis Rossi et Rick Parfitt (décédé en 2016) en étaient les figures emblématiques. Status Quo a vendu environ 118 millions d'albums dans le monde au cours de leur carrière. Ce chiffre comprend les albums studio, live, compilations et singles, car le groupe a eu une activité discographique intense depuis les années 60. Status Quo est toujours actif en 2025, bien que dans une forme remaniée par rapport à ses débuts. Francis Rossi, chanteur et guitariste emblématique, est le seul membre fondateur encore en activité dans le groupe. En somme, Status Quo est aujourd’hui un groupe de légende vivant, qui assume son âge tout en gardant la flamme sur scène. C’est un des rares groupes à avoir traversé plus de 60 ans d’histoire du rock avec une telle constance.



Gastronomie : les Cannoli Siciliani







  Symbole sucré de la Sicile, le cannolo (cannoli au pluriel) est bien plus qu’un simple dessert, c’est une véritable icône de la pâtisserie italienne. Son origine remonte au temps de la domination arabe sur l’île, entre le IXe et le XIe siècle, période durant laquelle les saveurs sucrées, les fruits confits, la ricotta et les techniques de friture ont marqué durablement la cuisine locale. Selon une légende populaire, les premiers cannoli auraient été confectionnés par des religieuses dans un couvent près de Caltanissetta, en l'honneur du Carnaval, pour célébrer la joie et l’abondance. D’autres traditions suggèrent un héritage arabe plus direct, notamment dans la forme tubulaire évoquant certains desserts orientaux. Quoi qu’il en soit, le cannolo s’est imposé comme une gourmandise festive, riche en symboles et en saveurs, traversant les siècles sans perdre une miette de son succès.


  La base du cannolo est une pâte fine et croustillante, frite à la perfection pour obtenir cette texture dorée si caractéristique. Elle est ensuite garnie d’une farce onctueuse à base de ricotta sucrée, généralement de brebis, parfois agrémentée de vanille, de cannelle ou de zestes d’agrume. Traditionnellement, les extrémités sont décorées de pistaches concassées, de fruits confits ou de pépites de chocolat, selon les goûts et les régions. En Sicile orientale, certains y ajoutent du cédrat confit, tandis qu’à l’ouest, la crème peut être enrichie de petits morceaux de chocolat noir. 

  Le mot cannolo (pluriel : cannoli) vient de l’italien dialectal sicilien et signifie littéralement "petit tube" ou "petit roseau". Il est dérivé du mot canna, qui désigne un roseau creux. Les Siciliens utilisaient des morceaux de roseaux pour enrouler la pâte avant la cuisson, ce qui donnait au dessert sa forme tubulaire caractéristique.


  Au-delà de son rôle gastronomique, le cannolo s’est aussi taillé une place dans la culture populaire italienne et internationale. Il est notamment devenu célèbre grâce au film Le Parrain, avec la réplique culte "Leave the gun, take the cannoli", symbole à la fois de la tradition et de l’humour noir à l’italienne. Au fil du temps, les cannoli ont aussi conquis d’autres régions d’Italie, puis le monde entier, donnant naissance à des interprétations locales plus ou moins fidèles à la recette d’origine. Mais qu’ils soient artisanaux ou revisités, les vrais cannoli se reconnaissent toujours à l’équilibre entre le croquant de la pâte et la douceur parfumée de leur cœur crémeux. Aujourd’hui, les cannoli sont présents dans toutes les bonnes pâtisseries siciliennes, mais aussi dans les vitrines des quartiers italiens de New York, Toronto ou Buenos Aires. Ils s’exportent, s’adaptent, mais conservent ce goût inimitable de fête et de générosité. Croquer un cannolo, c’est goûter à une part d’histoire, d’identité et de passion culinaire. Un petit tube de bonheur, venu du cœur de la Méditerranée.



Culture, la Légion étrangère : "La Légion est notre patrie"







  Après la Révolution de Juillet 1830, Louis-Philippe monte sur le trône et hérite d’un pays instable. De nombreux étrangers sont présents en France, souvent anciens soldats sans emploi. Plutôt que de les intégrer dans l’armée régulière, le gouvernement crée une unité spécifique où ces hommes pourront servir, mais uniquement à l’étranger (d’où son nom !). Ainsi en 1831 fut fondée la Légion étrangère, une unité unique au monde. Elle accueille des volontaires de toutes nationalités prêts à servir la France, souvent pour tourner une page, fuir un passé ou chercher un nouvel idéal. Sa devise : Legio Patria Nostra ("La Légion est notre patrie").


  Basée aujourd’hui dans sept casernes, mais présente sur de nombreux théâtres d’opérations (Sahel, Guyane, Djibouti…), la Légion s’est illustrée dans toutes les grandes campagnes françaises : de la conquête de l’Algérie à la guerre d’Indochine, en passant par la bataille de Camerone au Mexique en 1863, acte fondateur de l’esprit légionnaire. 65 légionnaires résistent héroïquement à 2 000 soldats mexicains. Leur sacrifice est devenu le symbole du courage et de la fidélité au devoir.


  La discipline y est de fer, mais elle offre une seconde chance à ceux qui respectent ses règles. On y apprend le dépassement de soi et la fraternité d’armes. Uniformes impeccables, képi blanc et mystique de l’anonymat, tout y contribue à forger une élite. Un dicton dit : "même dans la boue ou le désert, un légionnaire doit avoir des chaussures cirées". Cela traduit l’idée que le respect de soi et du groupe passe par la rigueur, en toute circonstance. A la Légion, peu importe ton passé ou ton origine, tu recommences à zéro, et ta nouvelle famille, c’est la Légion. Les engagés reçoivent un nom d’emprunt à leur arrivée. Cela permet de « tirer un trait » sur une vie passée. Certains rejoignent la Légion pour fuir la guerre, un échec, ou la justice. L’anonymat est sacré, et le pardon implicite. Aujourd’hui, la Légion rassemble des hommes de 140 nationalités différentes, même s’ils finissent tous par parler français. Beaucoup viennent d’Europe de l’Est, d’Amérique latine, ou d’Afrique. Certains sont diplômés, anciens soldats, ou même artistes. Chaque légionnaire a une histoire.


  Pour entrer dans la légion, il suffit de se présenter dans un poste de recrutement. Après les tests (physiques, médicaux, psychotechniques), les recrues passent par le centre de Castelnaudary, où elles subissent un entraînement rude (marche, discipline, vie en collectivité, français intensif). Cette phase dure 4 mois, souvent vécue comme une épreuve initiatique. L’objectif est de casser les repères de l’ancienne vie et rebâtir un soldat discipliné, endurant, fraternel et dévoué. Les journées commencent à 5h du matin. Au programme : Course à pied, marches forcées, pompes, tractions, tir, maniement des armes, manœuvres tactiques, cours de français, treks avec sac de 25 kg, constructions de ponts, bivouacs sous la pluie, etc ... L’un des moments les plus symboliques dans la carrière du légionnaire c'est la marche du "képi blanc"  un trek de plusieurs jours avec peu de sommeil, qui se termine par la remise solennelle du fameux képi blanc. Ce moment scelle l’entrée dans la famille légionnaire.


  Dans l’imaginaire collectif, la Légion est un refuge d’hommes durs, silencieux et loyaux. Mais derrière le mythe, elle reste un outil stratégique moderne et un creuset humain unique. Peu d’armées peuvent se targuer d’avoir inspiré autant de récits.. Films, romans, chansons : la Légion fascine. Elle apparaît dans Beau Geste, dans les films de Jean-Claude Van Damme, dans des bandes dessinées ou des jeux vidéo. Parfois idéalisée, parfois critiquée, elle reste entourée d’un halo de mystère et de respect.



28 avril 2025

Musique : Les Paul & Mary Ford, la pop avant la pop








Les Paul & Mary Ford forment un duo mythique des années 1950, à la fois dans la musique et dans la vie privée. Ils ont marqué la transition entre l'ère "big band" et la musique pop moderne. Les Paul (né Lester William Polsfuss en 1915) est un guitariste, inventeur et pionnier de l'enregistrement moderne. C’est lui qui a développé des techniques cruciales comme l’enregistrement multipiste. Il est également connu pour la création de la guitare électrique solid-body emblématique, la Gibson Les Paul. Sa guitare reste très influencée par le jazz, swing, harmonies riches, improvisations rapides, solos très techniques.  Mary Ford (née Iris Colleen Summers en 1924) est une chanteuse et guitariste au timbre doux et élégant. Elle avait une voix parfaitement adaptée au style "pop" et "jazz" de l'époque. Ils se sont mariés en 1949 et ont connu un énorme succès au début des années 1950 avec des chansons comme : "World Is Waiting For The Sunrise" "How High the Moon" "Vaya Con Dios" "Mockin' Bird Hill" etc... Leur style sonore était révolutionnaire, Mary Ford chantait souvent en superposant plusieurs de ses propres voix (grâce aux techniques multipistes de Les Paul), et Les Paul utilisait des solos de guitare rapides, précis, presque "surnaturels" pour l'époque. Leur son ultra-produit a ouvert la voie à des générations de musiciens (des Beatles à Brian Wilson des Beach Boys, en passant par toute la pop moderne). Leur popularité a commencé à décliner à la fin des années 1950. Ils ont divorcé en 1964, et Mary Ford est malheureusement décédée jeune, en 1977. Les Paul, quant à lui, a continué à se produire longtemps encore, jusqu'à un âge avancé et est resté une icône de l’innovation musicale. Le duo a produit plusieurs albums, ils ont vendu plusieurs millions de disques (difficile de savoir combien exactement).



Bizarrerie : Noiva do Cordeiro au Brésil, un village pas comme les autres









  Ce village aurait été fondé à la fin du XIXe siècle, par une femme, Maria Senhorinha de Limaaprès avoir été rejetée par la société pour un mariage jugé "impropre" à l'époque. Il est célèbre parce qu’il est presque exclusivement peuplé de femmes, en grande majorité jeunes et indépendantes. Depuis, les femmes de Noiva do Cordeiro ont développé une communauté unique, souvent autogérée, elles organisent elles-mêmes le travail agricole. Les femmes du village travaillent ensemble dans l’agriculture (surtout la culture de fruits, légumes, et parfois des activités artisanales). Elles partagent les tâches sans hiérarchie pesante, selon un modèle coopératif, tout le monde participe selon ses compétences et ses envies. L’idée d’autorité imposée est mal vue, elles privilégient la discussion collective pour prendre des décisions. Elles organisent les fêtes, le village est connu pour ses fêtes très joyeuses, avec de la musique, de la danse et de la bonne cuisine. Certaines traditions religieuses ont été adaptées, elles se sont éloignées de la religion stricte de leurs ancêtres, pour laisser plus de place à la liberté individuelle et au respect mutuel, notamment en matière d’amour et de vie personnelle. Elles ont un sens du design particulier. Dans leurs maisons et dans les lieux communs, tout est décoré avec goût, souvent de façon très colorée et chaleureuse. Beaucoup d’habitantes aiment la mode et créent leurs propres vêtements. Certaines habitantes ont lancé des initiatives pour rendre le village plus écologique, par exemple en favorisant l’agriculture biologique et des constructions respectueuses de l'environnement. 


  En 2014, il y avait eu des articles sensationnalistes prétendant que les femmes cherchaient activement des maris, ce qui a été exagéré. en réalité, elles tiennent beaucoup à leur mode de vie libre et égalitaire, et choisissent leurs relations avec soin. Contrairement à ce qu’ont dit certains médias, elles ne sont pas "désespérées" de trouver des hommes ! Elles cherchent plutôt des partenaires respectueux de leur indépendance. D'ailleurs, elles posent une condition claire : "ici, il n'y a pas de machisme".


  Ce n’est pas un "matriarcat autoritaire", mais plutôt une communauté où la solidarité, la créativité et l'entraide sont des valeurs essentielles. Beaucoup de femmes venues d'autres régions du Brésil ou du monde admirent leur capacité à construire un mode de vie alternatif. Les hommes (maris, frères, fils) peuvent y vivre, mais souvent ils travaillent loin, dans les grandes villes, et ne sont là que quelques jours par mois. Le mode de vie du village repose donc très largement sur une autonomie féminine.


  Ce village est parfois cité comme un exemple rare d’organisation communautaire féminine forte, loin des modèles traditionnels.



27 avril 2025

Culture : la Colline des Croix, en Lituanie






  Au nord de la Lituanie, près de la ville de Šiauliai, s'élève un site aussi étrange que bouleversant : la Colline des Croix. Sur cette modeste colline, des centaines de milliers de croix et de crucifix, se dressent en un saisissant témoignage de foi, d'identité nationale et de résistance pacifique. Tout visiteur peut y poser une croix, ou un crucifix. Le site est particulièrement impressionnant par temps brumeux ou au coucher du soleil. Le bruit du vent qui s'engouffre dans les milliers de croix suspendues crée un murmure fantomatique, donnant l’impression que la colline elle-même respire ou prie.


  L'origine exacte de cette tradition est incertaine. Elle remonterait au XIXᵉ siècle, après l'insurrection polonaise contre l'Empire russe en 1831. Les familles des insurgés disparus auraient commencé à planter des croix pour symboliser leur deuil et affirmer leur foi face à l'oppression. Depuis lors, malgré les interdictions et les destructions ordonnées par les autorités russes, puis soviétiques, les croix n'ont cessé de se multiplier, recréant sans cesse un paysage mystique. Sous l’occupation soviétique, notamment dans les années 1960 et 1970, les autorités ont plusieurs fois rasé la colline à coups de bulldozers, brûlé les croix en bois et mis des gardes pour empêcher les habitants de revenir. Mais à chaque fois, les croix réapparaissaient la nuit, déposées par des anonymes défiant le pouvoir au péril de leur liberté.


  Symbole puissant de la résistance lituanienne à l'occupation soviétique, la Colline a survécu à plusieurs tentatives d'éradication. Chaque croix arrachée était aussitôt remplacée, défiant la répression par un geste simple et pacifique. Après l’indépendance retrouvée en 1991, la Colline est devenue un lieu de pèlerinage national et international. Le pape Jean-Paul II lui-même s’y est rendu en 1993, renforçant par là même, sa portée spirituelle. Il a célébré une grande messe au pied du site et a déclaré que la colline était un symbole d'espérance pour toute l'humanité. À cette occasion, une grande croix en bois offerte par le pape a été plantée.


  Il n'est pas nécessaire d’être lituanien ou catholique pour déposer une croix. Des visiteurs du monde entier viennent y laisser ces symboles de prière, de mémoire ou d’espoir. Ainsi, on peut voir des croix avec des inscriptions en japonais, en espagnol, en italien, en français, et caetera. Aujourd'hui encore, des croix de toutes tailles, en bois, en métal ou en pierre, envahissent la colline et ses abords. Certaines sont somptueusement ouvragées, d'autres sont modestes, gravées de prières ou de noms. Tous les visiteurs peuvent y planter une croix, perpétuant ainsi un acte collectif de mémoire et d'espérance. La Colline des Croix n'est jamais figée. Chaque passage, chaque pèlerinage, chaque visite apportent de nouvelles croix, agrandissant toujours plus ce témoignage vivant. Ce n'est pas un musée, mais un symbole qui grandit avec le temps. Si vous vous y rendez, et si oubliez votre croix, vous pouvez en acheter une sur place.


  La Colline des Croix reste l'un des lieux les plus émouvants d'Europe, où se mêlent ferveur religieuse, histoire tourmentée et force silencieuse des peuples.


  Aujourd'hui, on estime qu'il y a plus de 100 000 croix sur la Colline des Croix, le nombre exact est indéterminable car de nouvelles croix sont ajoutées en permanence par les visiteurs et les pèlerins.



Culture : Jean de la Valette, le chevalier qui sauva l'Europe







  Jean Parisot de la Valette (1494-1568) est l’une des figures majeures de l’histoire méditerranéenne du XVIᵉ siècle. Né dans une famille noble du Quercy, dans le sud-ouest de la France, il entre dès son adolescence dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, plus connu sous le nom d'ordre des chevaliers de l’Hôpital. À l’époque, cet ordre militaire et religieux est entièrement tourné vers la protection des pèlerins et la défense du monde chrétien contre les attaques musulmanes.


  Formé au combat naval et terrestre, Jean de la Valette se distingue d’abord lors des nombreuses escarmouches contre les corsaires musulmans en Méditerranée. Il est capturé en 1541 par les Ottomans lors d’un combat et passe un an comme esclave sur les galères ennemies, une épreuve terrible qui ne fait que renforcer sa détermination. À sa libération, il poursuit son ascension au sein de l’ordre jusqu’à être élu Grand Maître en 1557. Jean de la Valette parlait couramment plusieurs langues, dont l’italien, l’occitan, et l’arabe, appris pendant sa captivité. 


  Son destin bascule au mois de mai 1565 avec l’événement qui va forger sa légende : le Grand Siège de Malte. Face aux ambitions du sultan Soliman le Magnifique, qui veut s’emparer de cette position stratégique au cœur de la Méditerranée, Jean de la Valette organise la résistance avec une détermination farouche. Les forces ottomanes, menées par le célèbre corsaire Dragut (qui mourra durant le siège, retenez ce nom), comptent environ 30 000 à 40 000 hommes. En face, à peine 6 000 défenseurs, dont beaucoup de civils et dont seulement 500 chevaliers. Lors du siège, les défenseurs de Malte avaient tellement peu de munitions qu’ils recyclaient les boulets ennemis pour tirer à nouveau. Malgré des bombardements incessants et des vagues d'assauts, les défenseurs tiennent bon. Fort Saint-Elme tombe après une résistance héroïque, mais au prix de lourdes pertes ottomanes. 


  Jean de la Valette coordonne habilement la défense depuis Birgu (Vittoriosa), la ville principale fortifiée. Sous un soleil écrasant, la lutte est féroce. Les chevaliers et les habitants de Malte se battent pied à pied, dans des conditions d’extrême violence. Jean de la Valette, malgré ses 71 ans, combat sur les remparts, harangue ses hommes, soigne les blessés, et refuse toute reddition. Grâce à sa stratégie d’attrition et à sa foi inébranlable, il parvient à briser l’élan ottoman. En septembre, après des mois d’épuisement, de maladies et de combats sanglants, l'armée ottomane, décimée et démoralisée, abandonne le siège lorsque des renforts chrétiens débarquent de Sicile. . Cette victoire retentissante sauve non seulement Malte, mais aussi l’Europe occidentale d’une possible expansion ottomane en Méditerranée.  


  Après cette épreuve, Jean de la Valette décide de fortifier encore plus l’île. Il fonde La Valette, l'actuelle capitale, conçue comme une ville imprenable, dotée de bastions ultramodernes pour l’époque. Malheureusement, il meurt en 1568, avant d’assister à l’achèvement de son œuvre. Il est enterré dans la co-cathédrale Saint-Jean de La Valette, qu’il avait initiée. Son épée et sa dague sont aujourd'hui conservées dans le Palais des Grands Maîtres à La Valette, devenues de véritables symboles nationaux pour Malte. 


  Malte devient un symbole de résistance chrétienne et stratégique en Méditerranée. Jean de la Valette est acclamé en héros à travers toute l’Europe.



Dumb & Dumber, Jim Carrey au restaurant

 








Musique : Pantera, la rage pure du groove metal,







  Pantera est un groupe de groove metal américain formé en 1981 à Arlington, au Texas. À ses débuts, Pantera est influencé par le glam rock en vogue, avec des looks très "spandex" et un style musical proche de Kiss ou Van Halen. C’est à partir de la fin des années 80 que le groupe change radicalement de direction. Pantera est considéré comme l'un des pères du groove metal, un sous-groupe du heavy metal, agressif, puissant, mais très "rythmé", avec des riffs lourds et saccadés. Ils marquent la fin de l’ère glam pour s’imposer comme l’antithèse du grunge et des excès des années 80. 


  Les riffs tranchants et les solos virtuoses de Dimebag Darrell, les rythmiques massives de Vinnie Paul (son frère, à la batterie), le chant de Phil Anselmo, la basse précise et intense de Rex Brown. Tous participent au succès du groupe. Avant Anselmo, plusieurs chanteurs se sont succédé, mais c’est avec lui que Pantera trouve son identité.


  9 albums studio au total, 4 durant la période glam, et 5 durant leur période groove metal connue mondialement, Pantera a vendu près de 50 millions dans le monde. Ils ont plusieurs live légendaires à leur actif comme le Monsters of Rock à Moscou (1991) devant un million de personnes. Le "Live 101 Proof, en 1997 seul album live officiel de leur vivant


  Dimebag Darell est considéré comme l’un des plus grands guitaristes de metal de tous les temps. Son style est immédiatement reconnaissable avec ses gros riffs techniques, solos ultra rapides mais toujours mélodiques, et un son unique obtenu grâce à sa guitare Dean ML et son ampli solid-state Randall. Il adorait le whisky et la fête, mais était aussi décrit comme extrêmement gentil avec ses fans. Le 8 décembre 2004, Dimebag (alors âgé de 38 ans) jouait avec son nouveau groupe Damageplan dans une petite salle de concert appelée l'Alrosa Villa à Columbus, dans l'Ohio. Quelques minutes après le début du concert, un homme du nom de Nathan Gale est monté sur scène, armé d’un pistolet. Sans avertissement, il a tiré sur Dimebag à bout portant, le touchant plusieurs fois et le tuant quasiment sur le coup, sous les yeux horrifiés du public, du groupe et de son frère Vinnie Paul. Nathan Gale a ensuite continué à tirer, blessant d’autres personnes. Un policier, James Niggemeyer, est intervenu rapidement et a abattu Gale, mettant fin au carnage. Pourquoi cet acte ? Il n’y a jamais eu d'explication claire. Gale souffrait apparemment de troubles mentaux sévères. Certaines rumeurs disent qu'il reprochait à Dimebag la séparation de Pantera, croyant à tort que Dimebag avait "ruiné" le groupe qu’il adorait.


  Pantera n'était pas seulement un groupe, c'était une déflagration qui a redéfini les codes du metal dans les années 90. Avec leur son lourd, leur énergie brute et leur sincérité totale, ils ont marqué des générations de musiciens et de fans. Malgré les tragédies, leur héritage reste vivant, symbole d'une époque où la musique était une question de cœur, de sueur et de rage pure.



26 avril 2025

Théorie du complot : La terre plate !






  Ce mythe moderne de la "Terre plate" est surtout revenu au XIXᵉ siècle, et encore plus récemment avec internet et les réseaux sociaux. Les partisans affirment que les gouvernements, scientifiques et agences spatiales cacheraient la "vérité" pour diverses raisons obscures, sans jamais apporter de preuves sérieuses.

  Scientifiquement, depuis l'Antiquité (déjà chez les Grecs comme Pythagore et Aristote), la Terre est reconnue comme étant sphérique, toutes les observations (navigation maritime, vols d'avions, images satellites, éclipses, forces gravitationnelles...) confirment que la Terre est ronde.

  Arguments et Contre-arguments : 

- Selon eux, si la Terre était ronde, on verrait une courbure... 
"L'horizon est plat à l'œil nu !"
Mais : à l'œil nu au niveau du sol, la Terre est tellement grande (environ 44 000 km de circonférence) que la courbure est très faible. En altitude (par avion, parachutes ballon-sonde ou montagne), la courbure devient perceptible. De plus, les navires "disparaissent" progressivement par le bas à l'horizon, preuve de la rotondité.

- Ils prétendent que la NASA et d'autres agences fabriquent de fausses images, 
"Les photos satellites sont truquées !"
Mais : des milliers de satellites appartenant à différents pays (USA, Europe, Chine, Japon, etc.) envoient des images cohérentes. Il faudrait un complot mondial massif et parfait pour truquer toutes ces images, ce qui est fort improbable

- Ils affirment que la rotation de la Terre serait imperceptible, donc douteuse. 
"Personne n'a vraiment vu la Terre tourner !"
Mais : on en voit les effets : la trajectoire des avions doit être corrigée pour tenir compte de la rotation, les pendules de Foucault montrent la rotation, et la force de Coriolis dévie les vents et les courants marins.

- Ils disent que l'eau "doit" rester plate, car elle ne peut pas coller à une boule.
"L'eau ne peut pas rester sur une sphère !"
Mais : la gravité attire tout vers le centre de la Terre, créant une surface globale arrondie. On le constate aussi sur d'autres planètes et lunes sphériques. L'eau "colle" grâce à la gravité !


  La théorie de la Terre plate repose sur des incompréhensions scientifiques basiques ou des manipulations. Toutes les expériences physiques et observations astronomiques confirment que la Terre est une sphère légèrement aplatie.


Musique : The Plastic People of the Universe, ouai






  Bien plus qu'un simple groupe de rock, c’est tout un symbole de résistance culturelle en Tchécoslovaquie pendant la période communiste. Ils sont nés en 1968, juste après le Printemps de Prague. Leur musique est assez expérimentale, mêlant rock psychédélique, avant-garde, et textes souvent sombres et poétiques (parfois basés sur des poèmes interdits). Leur musique est souvent lourde, sombre, dissonante, volontairement non commerciale, avec un ton protestataire et mélancolique. Ils jouent avec des guitares électriques très saturées, des basses lourdes, saxophones, synthétiseurs, violons électriques, et la batterie souvent "libre", pas toujours cadrée par une rythmique classique. 


  Ceci dit, ils utilisent aussi des peignes amplifiés au micro pour faire des sons stridents, des morceaux de viande, casseroles, bouteilles, boîtes métalliques, des vieux synthés bricolés ou complètement désaccordés ainsi que des cordes de fortune pour remplacer des cordes d'instruments cassés. Ce n'était pas systématique sur tous leurs morceaux, mais dans leurs concerts clandestins, ils adoraient faire du bruit brut et explorer l'idée que tout pouvait devenir son et musique. Comme pour dire : "si notre monde est déformé, notre musique l'est aussi." Ils jouaient secrètement dans des caves, des forêts ou des appartements privés, lors de concerts illégaux. 


  Le régime communiste n’a pas du tout apprécié leur liberté artistique, ils ont été censurés, emprisonnés, et leur histoire est même liée à la création de la Charte 77 un grand mouvement de défense des droits de l'homme. Leur procès a transformé une simple scène rock underground en cause politique nationaleIls étaient accusés non pas directement pour leur musique, mais sous des prétextes vagues (comportement antisocial, influences subversives, etc). Ce procès a choqué une partie des artistes et écrivains, qui ont vu que le régime ne s'attaquait plus seulement aux militants politiques mais aussi aux artistes "marginaux".


  Après ce procès et malgré les risques constants d'autres arrestations, ils ont refusé de modifier leur style ou leurs textes pour plaire aux autorités. 


  Ils ont sorti 7 albums studio principaux pendant leur carrière officielle, sans compter des compilations, des lives clandestins et des rééditions post-communisme. Beaucoup de leurs premiers enregistrements circulaient sous forme de samizdats (cassettes clandestines). Après 1989 (chute du communisme), leurs albums ont gagné en notoriété dans le monde underground, mais ils restent un groupe culte plus qu'un groupe commercial. On parle de quelques dizaines de milliers d’exemplaires vendus à l'international, surtout après la chute du Mur de Berlin.

  A écouter : "Podivuhodný mandarín" "Magické noci" "Toxika" "Co znamená vésti koně"



25 avril 2025

Culture : Pépin le Bref, et la fin de la dynastie mérovingienne







  On l'appelle Pépin le Bref, mais cela ne vient pas forcément de sa taille. "Bref" signifie ici probablement "court" au sens de règne court (ce qui est inexact d’ailleurs, car il régna 17 ans comme roi). Cependant, la légende veut qu’il ait été de petite stature physique, mais très charismatique, intelligent et vigoureux. "Petit par la taille, grand par les actes", disaient certains chroniqueurs. Selon une chronique plus tardive, alors qu’un noble se moquait de sa petite taille en disant qu’il ne tiendrait pas bien en selle, Pépin aurait dit : "Mieux vaut un petit cheval qui porte bien qu’un grand qui chancelle".


  Fils de Charles Martel et père de Charlemagne (qui lui, était immense), Pépin le Bref (né vers 715 dans les environs de Liège, décédé en 768 à Saint Denis) marque un tournant décisif dans l’histoire de la France médiévale. Il mène des réformes administratives, favorise l’unité du royaume, et lutte contre les menaces internes et externes. Ses campagnes dans le sud consolident la domination franque sur la Gaule, et il met fin à la présence sarrasine à Narbonne en 759. Il mène de grandes campagnes militaires. La première est la campagne contre les Sarrasins (de 752–759) qui entraine la fin définitive de la présence sarrasine dans le royaume franc. Puis les campagnes contre les Aquitains (760–768) et l’Aquitaine est intégrée au royaume franc. Il interviens en Italie contre les Lombards (754 et 756). Il offre au pape les territoires conquis, fondant ainsi les États pontificaux. Consolidant ainsi son royaume et protégeant Rome. Pépin mène aussi des expéditions en Bavière, contre les Frisons et dans la vallée du Rhin, pour contrôler et sécuriser les frontières du royaume.


  Maire du palais sous les derniers rois mérovingiens, il détient le pouvoir réel alors que le roi, Childéric III, n’est plus qu’un fantoche. Après l’avoir déposé, Pépin fait tondre les cheveux de Childéric III et l’envoie dans un monastère. Chez les Mérovingiens, la longue chevelure était un symbole sacré du pouvoir royal. En le rasant ils le privent symboliquement de toute légitimité. Un geste à la fois politique, rituel et très "médiatique" pour l’époque. Pépin ose ce que personne n'avait osé depuis des siècles : renverser une dynastie royale, les Mérovingiens, sans guerre civile. Il le fait avec l'accord du pape, ce qui donne à son geste une légitimité religieuse inédite. Pépin prend une décision audacieuse, il demande l’appui du pape Zacharie pour légitimer une prise de pouvoir. La réponse est claire : "Mieux vaut le pouvoir à celui qui l'exerce réellement." Pépin est sacré roi des Francs, mettant fin à trois siècles de règne mérovingien et fondant ainsi la dynastie carolingienne. Par ses victoires Pépin stabilise et agrandit le royaume. Il crée un État fort et structuré, que son fils Charlemagne pourra transformer en empire chrétien. Il devient le protecteur officiel de l’Église, ce qui renforcera l’influence de la monarchie franque sur l’Occident chrétien. Ce n’est pas qu’un détail, sans Pépin, pas de Charlemagne. Il transmet à son fils une vision politique forte, un royaume organisé et une légitimité chrétienne qui permettent à Charlemagne de devenir empereur en 800.


  Il est également le premier roi sacré par un pape, en 754, par Etienne II, renforçant le lien entre la monarchie franque et l’Église. Ce geste inaugure la tradition du pouvoir royal "de droit divin". Le sacre devient un rituel religieux. En se faisant sacrer roi par le pape, il donne à la royauté franque une dimension religieuse. Ce n’est plus seulement un chef de guerre ou un héritier : c’est un élu de Dieu. Cette idée du pouvoir de droit divin va dominer l’Europe monarchique jusqu’à la Révolution française.

  En fait, il a été couronné deux fois, la première en 751 par des évêques francs, la seconde en 754 par le pape Etienne II. C’est une première dans l’histoire de France, un pape sacre un roi, et sacre aussi ses deux fils, Carloman et Charlemagne, pour garantir la continuité dynastique.


  Pépin meurt en 768 et laisse un royaume solide à ses deux fils, Charlemagne et Carloman. Charlemagne héritera de l’élan politique, religieux et militaire impulsé par son père pour construire l’Empire carolingien. En quelques années, Pépin le Bref a transformé la politique, la religion, la guerre et même la géographie de l’Europe.



Nature : le monolithe de Uluru, en Australie







  En plein centre de l'Australie, Uluru s’élève comme un géant de pierre ocre dans le désert rouge du Territoire du Nord. Aussi connu sous le nom d’Ayers Rock, ce monolithe de grès, haut de 348 mètres et long de plus de 3 km, est l’un des symboles les plus puissants de l’Australie. Il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Uluru semble changer de couleur selon l’heure du jour et la météo. À l’aube, il peut apparaître gris rosé, à midi orange vif, et au crépuscule, rouge sang ou violet profond. Ce phénomène, dû à l’oxydation du fer dans la roche et aux jeux de lumière, a contribué à sa réputation presque magique.

 

  Mais Uluru n’est pas qu’une merveille géologique. Il est surtout un site sacré pour les peuples autochtones Anangu, qui en sont les gardiens traditionnels. Leur lien spirituel avec la montagne remonte à des millénaires. Les Anangu demandent depuis longtemps que l’on ne grimpe pas Uluru, car cela viole son caractère sacré. Malgré l'interdiction officielle depuis 2019, ce respect est parfois encore bafoué. Pourtant, un panneau à l’entrée explique clairement les raisons culturelles de cette demande. Il s'agit moins d’un interdit que d’un appel au respect.


  Les récits du Tjukurpa (la Loi du Temps du Rêve) imprègnent chaque recoin de ce rocher : des peintures rupestres aux cavernes, chaque fissure raconte une légende ancestrale. Une des histoires du Temps du Rêve raconte le combat entre la femme python Kuniya et le serpent venimeux Liru. Leurs luttes auraient laissé des marques visibles dans la roche. Ces récits sont toujours transmis oralement par les Anangu et font partie intégrante du paysage.


  Uluru change de couleur au fil de la journée, passant du rouge intense au violet profond au coucher du soleil, fascinant les visiteurs du monde entier. Depuis 2019, par respect pour la culture Anangu, l’ascension du rocher est interdite. Aujourd’hui, on l’admire à distance ou en le contournant à pied, en silence, dans une démarche de respect et de contemplation.


  Il existe une légende moderne appelée la "malédiction d’Uluru". Des centaines de visiteurs ayant volé des cailloux sur le site les renvoient par la poste, se plaignant de malchance, d’accidents ou de problèmes personnels. Les gardiens du parc reçoivent régulièrement des colis de "repentance" du monde entier.


  Uluru reste un lieu vivant, où spiritualité, nature et mémoire s’entrelacent. Ce n’est pas seulement un caillou géant, mais un pilier d’identité pour tout un peuple, et un rappel puissant de ce que signifie vivre en harmonie avec la terre.



24 avril 2025

Musique : Les Rythmes Digitales, un joyaux de l'électro retro







  Sous ce nom à consonance très French Touch se cache en réalité un producteur britannique : Stuart Price, alias Jacques Lu Cont. Lancé dans les années 90, le projet "Les Rythmes Digitales" joue habilement avec les codes de l’électro française tout en étant profondément ancré dans la culture anglaise. Stuart Price crée une identité volontairement trompeuse : nom français, pochettes rétro, clins d’œil aux années 80 Il séduit autant qu’il intrigue. Avec son look de nerd chic inspirés des clips MTV des années 80 et son humour décalé, des graphismes fluo, des pochettes old-school, et des typographies de jeux d’arcade. Il incarne une figure atypique de la scène électronique, à mi-chemin entre hommage sincère et parodie brillante. Ce personnage fictif lui a permis de se faire un nom, avant de devenir l’un des producteurs les plus respectés de la pop internationale. Le son de "Les Rythmes Digitales" est un cocktail électrisant, synthpop vintage, funk robotique, house et électro des 80s. Stuart Price maîtrise l’art du recyclage créatif : boîtes à rythmes à l’ancienne, synthétiseurs analogiques, vocodeurs et nappes kitsch se mêlent à des beats modernes.

  Il a collaboré avec Madonna sur l’album Confessions on a Dance Floor, un succès mondial, il a aussi travaillé avec The Killers, New Order, Britney Spears, Pet Shop Boys, Dua Lipa, Coldplay, Depeche Mode, No Doubt, ou Kylie Minogue. Deux albums et environ 300 000 ventes, c’est un score honorable pour un projet aussi singulier et à la fois underground et avant-gardiste. Le vrai succès de Stuart Price est surtout venu ensuite, en tant que producteur pour beaucoup d'artistes internationaux. Les Rythmes Digitales a été une expérience conceptuelle un faux nom, un faux personnage, un vrai groove. Il a inspiré une nouvelle génération d’artistes à assumer un style rétro sans complexe.



Santé : CBD, le chanvre thérapeutique







  Le CBD, ou cannabidiol, est une molécule extraite du chanvre, une plante de la famille du cannabis. Il agit sur un réseau de récepteurs présents dans le corps humain, impliqué dans la régulation de nombreuses fonctions comme la douleur, le sommeil ou l’humeur. Contrairement au THC (tétrahydrocannabinol), il n’a pas d’effet psychotrope : il ne provoque ni euphorie ni altération de la perception. Grosso modo, le CBD apaise, tandis que le cannabis "défonce". Le chanvre est une plante robuste, polyvalente et écologique (poussant sans pesticides), connue depuis des millénaires pour ses usages variés. Cette espèce regroupe à la fois le chanvre industriel, utilisé pour ses fibres, ses graines ou son huile. La différence entre les deux types de cannabis repose principalement sur leur teneur en THC. Le chanvre industriel, autorisé en France et en Europe, contient naturellement moins de 0,2 % de THC tandis que le cannabis peut monter à 98% de THC. Il est cultivé légalement pour des usages alimentaires, cosmétiques, textiles et médicaux dans certains cas.


  Bien avant de devenir tendance, le chanvre était déjà utilisé comme plante médicinale dans de nombreuses civilisations. En Chine, on en trouve les premières traces dans des textes médicaux datant de près de 5000 ans. Le légendaire empereur Shen Nong, considéré comme le père de la phytothérapie chinoise, mentionnait le chanvre comme un traitement contre les douleurs, les troubles menstruels et les rhumatismes. En Égypte ancienne, des papyrus médicaux tels que le célèbre papyrus Ebers (vers 1500 av. J.-C.) évoquent l’usage de préparations à base de chanvre pour apaiser les inflammations et soulager les douleurs oculaires. Plus tard, en Europe, le chanvre médicinal connaîtra un véritable essor au XIXe siècle, notamment grâce aux travaux du médecin irlandais William Brooke O’Shaughnessy, qui rapporte ses propriétés thérapeutiques après un séjour en Inde. Il introduit alors le cannabis dans la pharmacopée britannique, où il sera utilisé contre l’épilepsie, les douleurs chroniques, et même l’anxiété. En France, des préparations à base de cannabis figuraient encore dans la pharmacopée jusque dans les années 1930.

  Ainsi, loin d’être une nouveauté, le CBD s’inscrit dans une longue tradition médicinale, aujourd’hui redécouverte à la lumière des recherches modernes.


  Le CBD fait l’objet d’un intérêt scientifique croissant depuis une quinzaine d’années. Plusieurs études cliniques ont mis en lumière ses effets potentiels dans le traitement de certains troubles, même si la recherche reste encore jeune et parfois contradictoire.


  Le CBD est prisé pour ses effets apaisants et son potentiel thérapeutique dans de nombreux domaines du bien-être. Loin d’être un simple effet de mode, il suscite un véritable engouement chez ceux qui recherchent des alternatives naturelles. Il réduit le stress, de nombreuses personnes rapportent une sensation de calme et de détente après avoir consommé du CBD, sans effets secondaires lourds. Il est parfois utilisé en complément dans les cas de troubles anxieux légers à modérés. Améliore la qualité du sommeil, en favorisant la relaxation, le CBD peut aider à s’endormir plus facilement et à limiter les réveils nocturnes. Ce n'est pas un somnifère, mais plutôt d’un régulateur doux. Il apaise certaines pathologies spécifiques, dans certains pays, le CBD est intégré à des traitements pour l’épilepsie résistante aux médicaments, notamment chez l’enfant (exemple : le syndrome de Dravet), avec des résultats encourageants. Enfin, il soulage les douleurs chroniques... grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et antalgiques, le CBD est parfois utilisé pour atténuer des douleurs articulaires, musculaires, ou neuropathiques, notamment chez les personnes atteintes de fibromyalgie ou d’arthrose.


  Depuis la fin des années 2010, le CBD connaît une véritable explosion commerciale à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, tout s’accélère en 2018 avec l’adoption du "Farm Bill", une loi fédérale qui légalise la culture du chanvre industriel (moins de 0,2 % de THC) et ouvre la voie à un marché estimé à plusieurs milliards de dollars. L’Europe suit la tendance, avec une légalisation progressive des produits contenant du CBD. En  France, pays longtemps frileux sur le sujet, le cadre légal s’assouplit lentement depuis 2021, autorisant la vente de fleurs de CBD, et favorisant l’ouverture de boutiques spécialisées un peu partout dans le pays.

  On trouve désormais du CBD sous toutes les formes : huiles sublinguales, infusions, cosmétiques, bonbons, e-liquides, et même dans des produits plus insolites comme la bière, le miel ou les soins pour animaux. Cette démocratisation rapide s’explique par la demande croissante d’alternatives naturelles aux traitements classiques, et par une stratégie marketing efficace axée sur le bien-être, le sommeil, la gestion du stress et les douleurs chroniques.




23 avril 2025

Culture : la fête de Saint Erasme à Ajaccio







  La fête de la Saint Érasme à Ajaccio, célébrée chaque année le 2 juin, elle est profondément ancrée dans la culture ajaccienne. La journée commence par une messe à l'église Saint-Érasme, suivie d'une procession terrestre à travers les rues de la ville. Le point d'orgue est la procession maritime, la statue du saint est embarquée sur un bateau décoré et accompagnée par une flotte de pêche et de plaisance, souvent nommé le "Brigulellu". Au large, une bénédiction des barques est effectuée, et une couronne de fleurs est jetée à la mer en mémoire des marins disparus.​ Bien que la Corse soit une île de montagnards et au-delà de l'aspect religieux, la Saint Érasme est aussi une grande fête populaire. Pendant plusieurs jours, le port s'anime avec des repas conviviaux où l'on déguste des poissons grillés, tout juste sortis des filets. Mais aussi des concerts de musique corse et des animations pour tous les âges. C'est un moment de partage et de bonne humeur qui rassemble les Ajacciens et les visiteurs, autour de la culture maritime corse.



Culture : la Civilisation Minoenne

 






"La Crète d’avant la mémoire, aux palais sans murailles, murmure encore à travers les pierres le chant d’un monde oublié."

Arthur Evans


  Sur les terres fertiles de Crète, à l’abri des conflits continentaux, naît l’une des premières civilisations d’Europe. Dès 3000 avant JC., les Minoens développent un artisanat raffiné, une agriculture performante et des échanges maritimes avec l’Égypte et le Proche-Orient. Dans les premiers villages fortifiés et les habitats collectifs, se dessinent déjà les prémices d’une société hiérarchisée et commerçante. La mer Méditerranée devient leur voie royale : les Minoens ne sont pas des conquérants, mais des navigateurs et des commerçants. Située au carrefour des grandes civilisations de l’Antiquité, entre l’Égypte, le Levant, l’Anatolie et la Grèce continentale, la Crète occupait une position géographique idéale. L’île servait de point d’escale majeur pour les échanges commerciaux, facilitant ainsi la circulation de marchandises, d’idées, de techniques et de croyances. Certains chercheurs parlent même de "thalassocratie minoenne".


  Vers 2000 avant JC., surgissent les grands palais comme Cnossos, Phaistos, ou Malia, véritables centres économiques, politiques et religieux. Sans murailles, ils reflètent une société pacifique et structurée. Ils utilisaient un système d’écriture appelé "hiéroglyphes minoens", datant d’environ 1900 à 1700 av. J.-C. Contrairement aux hiéroglyphes égyptiens, il reste toujours indéchiffrée, et il témoigne d’une administration rigoureuse. 

  En 1900, l’archéologue, Sir Arthur Evans achète un terrain près d’Héraklion, convaincu que les collines cachent les vestiges d’une grande civilisation oubliée. Il met rapidement au jour le palais de Cnossos, un labyrinthe architectural de plus de 1 000 pièces. Fasciné par ces ruines, il redonne vie à Cnossos au début du XXe siècle. Il invente même le terme "minoen", en référence au mythique roi Minos. Ses reconstitutions colorées, bien que controversées, marquent l’imaginaire collectif. 

  Il dira plus tard : "Cnossos n’est pas seulement un site archéologique, c’est une vision d’un monde oublié."


  Derrière l’histoire, la légende s’infiltre : le palais de Cnossos devient le célèbre labyrinthe construit par Dédale pour enfermer le Minotaure, né des amours monstrueux de la femme de Minos, Pasiphaé et d’un taureau sacré dont Zeus avait pris la forme. Génial inventeur, Dédale construit pour le roi Minos le fameux labyrinthe destiné à enfermer le Minotaure. Mais devenu gênant, il est à son tour enfermé avec son fils Icare. Pour fuir, Dédale fabrique des ailes de cire et de plumes à Icare. Malgré ses avertissements, Icare s’envole trop haut, le soleil fait fondre la cire, et il chute dans la mer, où il périt. Selon le mythe, après la mort du fils de Minos à Athènes, le roi crétois a exigé une offrande humaine annuelle, des enfants, sept jeunes garçons et sept jeunes filles athéniens sont envoyés à Cnossos, livrés au Minotaure dans le labyrinthe. Thésée, héros athénien, mettra fin à cette coutume. Il fut guidé par le fil d’Ariane. Pour aider Thésée à ressortir vivant du labyrinthe après avoir tué le Minotaure, la princesse Ariane, fille du roi Minos, lui donne une pelote de fil. En la déroulant à l’aller, il peut retrouver son chemin au retour. Ce geste d’amour sauve le héros, puis scelle le destin d’Ariane, que Thésée abandonnera sur l’île de Naxos. L’expression encore utilisée aujourd’hui : "trouver le fil d’Ariane" signifie trouver la solution ingénieuse qui permet de sortir d’une situation complexe

  Ces récits révèlent une culture obsédée par le taureau : fresques de sauts acrobatiques, figures taurines omniprésentes. Le mythe et la réalité se mêlent, suggérant des rituels sacrés oubliés ou des pratiques sportives codifiées. Les Minoens étaient fascinés par le taureau, un symbole de force, de fertilité et de puissance divine. Les fresques de Cnossos et d’autres palais montrent des scènes de sauts au-dessus des taureaux, une pratique qui semble combiner l’acrobatie sportive et le rituel religieux. Les participants, souvent des femmes, elles s’élançaient par-dessus l'animal en mouvement, parfois capturés dans une danse exaltée avec la bête. Certains historiens interprètent ces scènes comme des rites religieux, dédiés à honorer les divinités liées à la terre et à la nature. D'autres voient dans cette activité un simple sport populaire, un moyen de démontrer son courage et sa vitalité.


  La chute brutale vers 1450 avant JC. reste une véritable énigme. L’éruption cataclysmique de Santorin aurait provoqué tsunamis et famines, fragilisant l’île. Puis les Mycéniens, venus de Grèce continentale, s’emparent des palais, imposant leur écriture, le linéaire B. (contrairement au linéaire A ("hiéroglyphes minoens"), il a été déchiffré en 1952 par Michael Ventris. Surprise, cette écriture notait une forme archaïque du grec ! Elle révèle une administration centralisée, des inventaires de biens, des offrandes religieuses et montre que les Mycéniens ont hérité d’une partie de la culture minoenne, tout en imposant leur langue.)

  La culture minoenne s’efface peu à peu, absorbée, détournée, oubliée. Cnossos subsiste un temps, mais comme l’ombre d’elle-même. Les grands centres s’effondrent, et avec eux, un art de vivre unique disparaît dans les brumes de l’histoire.


  Redécouverte au XXe siècle, la civilisation minoenne fascine par sa modernité, à son époque. Fresques pleines de mouvement, rôle social probable des femmes, absence apparente de guerre. L’architecture complexe des palais à étages, l'eau courante, l’élégance des objets du quotidien et l’originalité des rites révèlent un peuple singulier. Leurs influences se retrouvent dans l’art grec ancien et les mythes fondateurs de l’Europe. Aujourd’hui encore, le mystère du hiéroglyphes minoen, les légendes de Minos et l’éclat intact de leurs couleurs nous murmurent à l’oreille une histoire oubliée mais jamais perdue.